Elections locales au Royaume-Uni: scrutin test pour Boris Johnson, décisif en Irlande du Nord
Par AlAhed avec AFP
Les Britanniques votent jeudi lors d'élections locales décisives pour l'avenir de Boris Johnson, après le scandale du «partygate», et de l'Irlande du Nord où les républicains du Sinn Fein espèrent une victoire historique.
Des milliers de sièges sont en jeu dans des conseils locaux en Angleterre, Ecosse et au Pays de Galles, ce qui permettra aux électeurs de s'exprimer pour la première fois après des mois de révélations sur les fêtes tenues à Downing Street pendant les confinements.
Et pourrait ainsi, en cas de mauvais résultats, convaincre certains députés attentistes de la majorité de retirer leur soutien à Boris Johnson. Ce dernier, semblant détendu et souriant, est allé voter avec son chien Dilyn dans un bureau de vote du centre de Londres dès 07H40 (06H40 GMT).
Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, il a encouragé à voter conservateur pour «protéger le budget de votre famille» alors que la chute du pouvoir d'achat est en tête des préoccupations des électeurs.
Loin des déchirements de Westminster, c'est un séisme politique qui s'annonce en Irlande du Nord où les sondages donnent le Sinn Fein en tête de l'Assemblée locale pour la première fois en 100 ans d'histoire de la province britannique de 1,9 million d'habitants, sous tensions depuis le Brexit.
«Otage»
Une victoire du Sinn Fein, l'ex-vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise, propulserait sa vice-présidente Michelle O'Neill au poste de cheffe du gouvernement local, censé réunir nationalistes et unionistes en vertu de l'accord de paix de 1998.
Cela pourrait redéfinir le Royaume-Uni, le Sinn Fein prônant une réunification avec la République d'Irlande. Mais cela risque aussi d'aboutir à une paralysie.
Lors du dernier débat électoral mardi sur la BBC, le chef des unionistes du DUP Jeffrey Donaldson a averti que sa formation refuserait de former un nouvel exécutif si le gouvernement britannique ne suspend pas le statut spécial post-Brexit de la province qui, selon les loyalistes, porte atteinte aux liens avec le reste du Royaume-Uni.
Michelle O'Neill l'a accusé de «prendre en otage» les Nord-Irlandais.
Inflation
Dans le reste du Royaume-Uni, ces élections locales, qui mobilisent généralement très peu, révéleront l'opinion des électeurs sur les conservateurs au pouvoir, après des critiques sur leur gestion de la pandémie, leur aide jugée insuffisante aux ménages étranglés par l'inflation et le «partygate».
La popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s'est effondrée après ce scandale qui lui a valu une amende et des appels à la démission. Il a pour l'instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l'Ukraine, mais des résultats calamiteux jeudi pourraient changer la donne.
En fin de campagne, il a été mis en difficultés à la télévision sur le sujet du pouvoir d'achat.
Le Labour, principal parti d'opposition, espère bien tirer profit de ses faiblesses, même si son chef, Keir Starmer, 59 ans, a lui-même été accusé d'avoir enfreint les règles sanitaires pour avoir partagé bières et currys avec son équipe lors d'un déplacement en avril 2021.
M. Starmer a voté à Kentish Town, dans le Nord de Londres, vers 08H30 GMT, accompagné de son épouse.
Son parti espère gagner des sièges dans la capitale, notamment dans des bastions traditionnellement conservateurs tels que Westminster ou Wandsworth.
Le Labour veut également reconquérir ses anciens fiefs devenus conservateurs lors des dernières élections en 2019 dans le Nord et le centre de l'Angleterre.
Les bureaux de vote fermeront à 21H00 GMT, avec de premiers résultats connus dans la nuit de jeudi à vendredi en Angleterre puis les jours suivants.