Yémen: l’ONU déçue d’avoir récolté moins d’un tiers de l’aide humanitaire demandée
Par AlAhed avec AFP
L'ONU s'est montrée «déçue» mercredi 16 mars après n'avoir réussi à collecter que moins d'un tiers des promesses de dons qu'elle espérait pour tenter de sauver le Yémen d'une catastrophe humanitaire.
Les donateurs ont promis de donner 1,3 milliard de dollars là où les Nations unies en espéraient 4,3 milliards.
«Ne nous faisons aucune illusion. Nous espérions plus», a déclaré Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires.
«Nous sommes déçus de ne pas avoir été en mesure pour le moment d'engranger des promesses de dons de certains (pays) dont nous espérions qu'ils le feraient», a-t-il insisté à la fin de la conférence des donateurs.
Martin Griffiths a promis de redoubler d'efforts pour tenter -au moyen d'autres appels dans les mois à venir- de récolter les fonds nécessaires pour ce pays en proie à une guerre dévastatrice depuis 2014.
«Nous allons travailler d'arrache-pied pour y arriver. Nous allons travailler d'arrache-pied pour montrer que comme pratiquement tout le monde l'a déclaré, nous sommes solidaires avec le peuple du Yémen», a-t-il dit.
L'ONU avait appelé les pays donateurs, qui sont pour un grand nombre d'entre eux concentrés sur la guerre en Ukraine, de ne pas oublier le Yémen pour autant.
«Le Yémen ne fait peut-être plus les gros titres, mais la souffrance humaine n'a pas diminué. (...) Aujourd'hui, le manque de fonds risque d'entraîner une catastrophe», avait prévenu le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à l'ouverture de la conférence virtuelle.
«Des millions de personnes sont confrontées à une faim extrême, et le Programme alimentaire mondial a dû réduire de moitié les rations en raison du manque de fonds. D'autres réductions sont imminentes», a-t-il alerté.
Alors que les besoins humanitaires s'accroissent au Yémen et que la guerre en Ukraine fait flamber les cours des matières premières dont celui du blé, Martin Griffiths avait appelé les donateurs à débloquer «près de 4,3 milliards de dollars» pour venir en aide à 17,2 millions de personnes au Yémen.
Deux Yéménites sur trois - soit 20 millions de personnes - vivent dans une extrême pauvreté.
«L'Ukraine nous occupe beaucoup et constitue une préoccupation majeure, mais il est essentiel qu'aucune autre crise ne soit oubliée», a déclaré Manuel Bessler, chef du Corps suisse d'aide humanitaire.
Selon l'ONU, quelque 161.000 personnes seront bientôt confrontées à une «insécurité alimentaire catastrophique, un signe avant-coureur de ce qui pourrait arriver à 7,1 millions de personnes qui ne se trouvent qu'à une marche de ce stade ultime d'une crise humanitaire».
«A la dérive»
«La situation humanitaire au Yémen est parmi les pires au monde», a assuré Martin Griffiths.
Cette situation risque de s'aggraver car l'incertitude liée au conflit en Ukraine a porté les marchés mondiaux des céréales au plus haut.
Et environ un tiers du blé utilisé au Yémen provient de Russie et d'Ukraine, selon Martin Griffiths.
«Les prix des denrées alimentaires ont déjà grimpé en flèche et nous nous attendons à des restrictions en termes d'approvisionnement», a-t-il dit.
Et ce alors même que les prix des denrées alimentaires ont déjà presque doublé au Yémen l'an dernier.
L'appel de l'ONU est d'autant plus urgent que les fonds dont disposent les organisations humanitaires sont en train de se tarir.
«Les agences sont obligées de réduire ou d'arrêter la distribution d'aide alimentaire, ainsi que la mise à disposition des services de santé et d'autres aides vitales», a déploré Martin Griffiths.
Sans injections rapides de liquidités, près de 4 millions de personnes n'auront ainsi plus d'eau potable à boire.
«Aujourd'hui, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combler le manque immédiat de financement et renforcer la distribution d'aide», a imploré Antonio Guterres.
«Nous ne pouvons pas laisser les gens à la dérive, sans aide humanitaire», a-t-il insisté.