Le Polisario publie les noms de militaires marocains tués: «La guerre entre dans une nouvelle phase»
Par AlAhed avec Sputnik
Le communiqué 454 du ministère sahraoui de la Défense marque un tournant dans le second conflit armé qui oppose le Front Polisario au Maroc. Publié le 9 février 2022, ce document dresse le bilan des opérations militaires menées par l’armée sahraouie entre le 1er et le 8 février contre des unités marocaines positionnées le long du mur de défense, qui sépare la partie contrôlée par le Maroc des territoires aux mains du Polisario.
Depuis la reprise du conflit le 13 novembre 2020, le département sahraoui de la Défense publie un bulletin quotidien des opérations. Le numéro 454 comporte les noms d’officiers, sous-officiers et soldats marocains qui ont péri lors d’une attaque. La liste comprend un colonel, un lieutenant-colonel, un lieutenant, un capitaine, un sergent-chef, un sergent, un adjudant, deux caporaux ainsi que trois soldats.
Les autorités marocaines n’avaient pas, jusqu’à jeudi 10 février, réagi à ces annonces.
Attaque en profondeur
Le communiqué précise que ces militaires faisaient partie du 43e bataillon d’Infanterie de secteur (BIS), stationné dans la zone d’El Mahbes. Contacté par Sputnik, un officier de l’armée sahraouie a donné des précisions sur cette unité des Forces armées royales.
«C’est une des unités de premier échelon. Son quartier général est situé à 6 km derrière le mur. Le BIS 43 occupe six positions fortifiées qui sont suivies d’un même nombre de positions d’alerte qui sont tenues par des pelotons renforcés. Le bataillon d’Infanterie de secteur a sous sa responsabilité un front qui s’étend sur 25 kilomètres de long», précise l’officier sous couvert de l’anonymat.
L’interlocuteur de Sputnik n’a pas souhaité donner plus de détails sur cette opération, indiquant simplement que la publication des noms des militaires était une réponse au «Maroc et à l’Onu qui nient l’existence de la guerre au Sahara occidental».
À noter que les positions du 43e BIS sont soumises à un pilonnage intensif de la part du Polisario depuis novembre 2020.
Ismaïl Yakoub Echeikh Essidia, politologue mauritanien, estime que cette opération prouve que les «combattants sahraouis ont franchi le mur de défense pour mener une attaque en profondeur derrière les premières positions de l’armée marocaine».
«Le Front Polisario ne se contente plus de pilonner les unités ennemies, il démontre qu’il peut frapper au-delà du mur. Il est évident que des combattants sahraouis ont pu traverser les premières lignes de défense pour mener une opération commando contre le quartier-général de cette unité. Un autre élément important est à relever, les Sahraouis ont donné les noms des militaires marocains. Cela signifie qu’ils ont des preuves, certainement des documents d’identité et des photographies», explique-t-il à Sputnik.
Pression militaire
M. Essidia considère que le conflit est «désormais entré dans une nouvelle phase».
Une situation que confirme l’officier de l’armée sahraouie à Sputnik: «Cette opération marque le commencement d’une nouvelle étape de la guerre. Une guerre qui va se développer selon les nécessités imposées par les développements du conflit».
L’objectif du Front Polisario consiste à imposer une pression sur le terrain militaire pour faire avancer le dossier du Sahara occidental sur les plans politique et diplomatique.
«Ni le Maroc, ni les Nations unies, ne veulent tirer les conclusions nécessaires à même de mettre un terme à l’occupation marocaine. Le peuple sahraoui, et son représentant légitime le Front Polisario, ont donné plus de 30 ans à la communauté internationale pour résoudre ce simple conflit de décolonisation selon les principes de la légalité internationale. Puisque l’Onu a failli à son devoir, le peuple sahraoui se réserve le droit légitime de se défendre par tous les moyens légaux, y compris par la lutte armée», conclut l’officier.
Si le Front Polisario parvient à mettre en œuvre sa stratégie, il faut s’attendre à une intensification des opérations du type de celle lancée contre le 43e BIS.
Depuis la reprise du conflit armé, les Forces armées royales ripostent aux pilonnages de l’armée sahraouie en utilisant des drones. Des civils sahraouis, mauritaniens et algériens ont également été la cible de raids aériens.