Georges Abdallah de retour devant la justice pour demander son expulsion du sol français
Par AlAhed avec AFP
Il est «le plus vieux prisonnier politique d'Europe» selon ses soutiens. Condamné à la perpétuité, le militant libanais Georges Ibrahim Abdallah est de retour devant la justice jeudi pour demander son expulsion de France, une «étape» vers une possible libération.
Condamné en 1987 pour complicité d'assassinat de deux diplomates américain et israélien, celui qui a incarné la vague d'attentats ayant frappé la France au début des années 80 entame, à 70 ans, sa 38e année de prison, faisant de lui l'un des plus anciens détenus du pays.
Libérable depuis 1999, il a vu ses neuf demandes de libération conditionnelle refusées.
A plusieurs reprises, la justice avait répondu favorablement à ces demandes, sous réserve que Georges Ibrahim Abdallah fasse l'objet d'un arrêt d'expulsion du ministère de l'Intérieur - qui n'a jamais été pris.
Sept ans après sa dernière demande, le militant libanais change donc d'angle d'attaque, en demandant au tribunal administratif de Paris de faire ordonner son expulsion du sol français.
«Nous avons envoyé plusieurs courriers au ministre de l'Intérieur» pour réclamer son expulsion, indique à l'AFP l'avocat de Georges Abdallah, Jean-Louis Chalanset. «Sans réponses» du ministère, il a déposé cette requête, qui sera examinée jeudi après-midi.
L'expulsion des étrangers condamnés «pour des faits assimilés à des faits de terrorisme» est aujourd'hui «systématique», argumente Me Chalanset, qui rappelle que les autorités libanaises se sont à maintes reprises dites prêtes à accueillir Georges Abdallah au Liban, où il est vu comme un «prisonnier politique».
Sollicité par l'AFP sur sa position dans ce dossier, le ministère français de l'Intérieur n'a pas répondu.
Une victoire devant le tribunal administratif ne serait qu'une «première étape», qui ouvrirait la voie à une nouvelle demande de libération conditionnelle, explique Me Chalanset.
Celui qui a repris la défense de Georges Ibrahim Abdallah après le décès de son avocat historique Jacques Vergès en 2013 ne se fait pourtant pas d'illusion.
Sa requête est une manière de «sonder le gouvernement français», dit-il, mais «la décision de sa libération sera politique avant d'être judiciaire».
«Servilité»
L'avocat voit dans «l'insupportable» maintien en détention de son client – «plus vieux prisonnier politique d'Europe» - un «manque de courage» de la France et sa «servilité» vis-à-vis des Etats-Unis.
Me Chalanset dénonce «l'acharnement des Américains».
Partie civile au procès de Georges Abdallah, les Etats-Unis se sont systématiquement opposés à ses demandes de libération par la voix de leur avocat français Georges Kiejman, confirme ce dernier à l'AFP.
En 2015, dans une décision jugée «très régressive» par sa défense, la cour d'appel de Paris avait rejeté la demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah, arguant qu'il n'avait pas fait l'objet d'un arrêté d'expulsion, mais aussi qu'il «ne regrettait pas les actes pour lesquels il avait été condamné».
«C'est un militant, il reste sur ses positions», confirme son avocat.
Au fil des ans, des parlementaires de gauche, des associations comme La ligue des droits de l'Homme (LDH) ou encore le patron du renseignement français à l'époque de son arrestation, ont appelé à sa libération.
Ses soutiens, qui se réunissent tous les ans devant le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) où il est détenu, ont prévu un rassemblement devant le tribunal administratif jeudi.
Au début des années 80 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Abdallah avait cofondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France.
Il avait été arrêté à Lyon le 24 octobre 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité après avoir été reconnu coupable de «complicité dans l'assassinat» à Paris en 1982 de deux diplomates, l'Américain Charles Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov, et dans la «tentative d'assassinat» du consul général des Etats-Unis, Robert Homme, à Strasbourg, en 1984.