Birmanie: Aung San Suu Kyi de nouveau inculpée pour corruption
Par AlAhed avec AFP
Cinq nouveaux chefs d'accusation pour corruption ont été prononcés vendredi à l'encontre de la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, ont indiqué ces sources.
D'après les médias contrôlés par le régime militaire, elle est accusée d'avoir causé une perte financière à l'Etat birman en violant les règlements sur la location et l'achat d'hélicoptères.
L'ancien président de la République Win Myint a été inculpé des mêmes chefs, ont ajouté ces mêmes sources.
Sollicitée, la junte n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter ces informations.
Aung San Suu Kyi est détenue depuis le coup d'Etat du 1er février 2021 qui a mis fin à une décennie de transition démocratique et poussé le pays dans le chaos.
Depuis, l'ancienne cheffe du gouvernement civil, âgée de 76 ans, est visée par une multitude de procédures judiciaires (violation d'une loi sur les secrets d'Etat datant de l'époque coloniale, fraude électorale, sédition, incitation aux troubles publics...).
Elle a déjà été condamnée à six ans de détention ces dernières semaines et risque au total des décennies de prison si elle est reconnue coupable.
Elle purge le début de sa peine en résidence surveillée, dans le lieu où elle est tenue au secret depuis près d'un an et où elle doit rester le temps de son procès.
Ce dernier se tient à huis clos, ses avocats ayant interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales.
«L'arrestation, l'inculpation et la condamnation injustes d'Aung San Suu Kyi (...) sont un affront à la justice et à l'Etat de droit», a récemment déploré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Le comité Nobel s'est de son côté dit «profondément inquiet» de la situation de l'ex-dirigeante.
Plusieurs de ses proches ont déjà été condamnés à de lourdes peines: 75 ans de prison pour un ancien ministre, 20 ans pour un de ses collaborateurs. D'autres se sont exilés ou sont entrés en clandestinité.
Le coup d'Etat a fait plonger le pays dans le chaos.
Plus de 1.400 civils ont été tués par les forces de sécurité, d'après une ONG locale, et des milices citoyennes ont pris les armes contre la junte à travers toute la Birmanie.
Les généraux ont justifié leur passage en force en alléguant des fraudes massives lors des élections de 2020, remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi. Ils ont promis d'organiser un nouveau scrutin en 2023.
L'ex-dirigeante, déjà condamnée à six ans de détention, ne pourra pas y participer s'il a effectivement lieu.