Les talibans autorisent une manifestation demandant le dégel des avoirs afghans
Par AlAhed avec AFP
Quelques centaines d'Afghans ont défilé mardi à Kaboul pour demander le déblocage des avoirs gelés par les pays occidentaux, une rare manifestation autorisée par les talibans alors que le pays privé d'aide internationale est proche de l'effondrement économique.
Au milieu d'un important dispositif de sécurité des talibans, qui encadraient le défilé, environ 200 personnes se sont retrouvées sur une place du centre-ville, déployant des banderoles en anglais et en pachtoune disant «Laissez-nous manger», «Rendez-nous notre argent gelé» ou «Ne faites plus honte à l'humanité».
Aucune femme ne participait à la manifestation dans la capitale afghane, selon des journalistes de l'AFP.
Le rassemblement semblait clairement soutenu par les talibans, qui l'ont autorisé alors qu'ils ont interdit ou dispersé plusieurs autres défilés, organisés notamment par des groupes de défense des droits des femmes pour réclamer des accès à l'éducation et au travail.
Sur les réseaux sociaux, des comptes affiliés aux talibans ont abondamment diffusé des images du défilé et publié des interviews de participants, présentés comme de simples citoyens venus de leur plein gré.
«Notre principale demande est que les États-Unis débloquent nos avoirs le plus vite possible. Il s'agit de la richesse du peuple» afghan, a déclaré à l'AFP Shafiq Ahmad Rahimi, 28 ans, un des organisateurs du défilé, membre d'une organisation peu connue nommée le Mouvement du peuple afghan.
Selon M. Rahimi, «le seul effet de ces avoirs gelés est de faire souffrir de la faim la population».
Au bord de la catastrophe humanitaire
Depuis la chute de l'ancien gouvernement afghan soutenu par les États-Unis et leurs alliés, les pays occidentaux ont coupé le robinet d'aides qui maintenaient le pays à bout de bras, provoquant une profonde crise économique.
La communauté internationale réclame que les talibans respectent les droits humains, notamment concernant les droits des femmes en levant les restrictions sur l'emploi et l'éducation.
Les Nations unies ont prévenu que l'Afghanistan est au bord d'une des pires catastrophes humanitaires au monde et le Programme alimentaire mondial (PAM) a dit la semaine dernière redouter une «avalanche de famine».
Lundi soir, les États-Unis ont remis au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution facilitant sur un an l'aide humanitaire à l'Afghanistan, stipulant que cette aide «ne constitue pas une violation» de la résolution imposant des sanctions à des entités liées aux talibans.
Un premier projet américain prévoyant d'autoriser au cas par cas des exemptions aux sanctions avait été refusé par la Chine, la Russie, mais aussi l'Inde ou la France.
Réunis dimanche à Islamabad au Pakistan, les 57 pays de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont eux promis de travailler avec l'ONU pour débloquer des centaines de millions de dollars d'avoirs.