Amnesty appelle à rapatrier des dizaines de milliers d’enfants détenus en Syrie dans des conditions «épouvantables»
Par AFP
Il faut rapatrier au moins 27.000 enfants de terroristes présumés détenus dans le camp d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, qui sont exposés à des conditions «épouvantables» et «potentiellement mortelles et inhumaines», alerte mardi 30 novembre Amnesty International dans un communiqué.
Ces mineurs originaires de Syrie, d'Irak et de plus de 60 pays sont privés arbitrairement de liberté avec des moyens de subsistance limités, soumis à des restrictions de déplacements au sein-même du camp, dans un climat de violence omniprésente, selon l'ONG. «Ils sont livrés à la misère, aux traumatismes et à la mort», résume Diana Semaan, chercheuse sur la Syrie à Amnesty International. «Les gouvernements doivent cesser de piétiner leurs obligations relatives aux droits humains et respecter le droit de ces enfants à la vie, à la survie et au développement et organiser rapidement et à titre de priorité leur rapatriement», souligne-t-elle.
Depuis la chute en mars 2019 du groupe «Daech», des dizaines de milliers de personnes sont détenues dans le camp d'Al-Hol, majoritairement des femmes et des enfants «affiliées à des degrés divers à l'EI» ou, pour des milliers d'autres, bloquées dans le camp parce qu'elles fuyaient le conflit, selon l'ONG.
Des garçons retirés à leur mère de «façon arbitraire»
Le camp d'Al-Hol est contrôlé par la police kurde des Assayech. La zone, baptisée «l'Annexe», héberge les femmes et les enfants non originaires d'Irak ou de Syrie. Là, des garçons sont retirés, dès l'âge de 12 ans, de «façon arbitraire» à leurs mères ou aux personnes qui prennent soin d'eux «uniquement sur la base de soupçons d'une potentielle radicalisation», assure Amnesty sur la foi de témoignages. «On ne sait pas exactement ce qui se passe alors dans ce que les Kurdes appellent des centres de réadaptation sauf qu'il y a un vrai souci d'accès aux besoins essentiels (nourriture, eau, aide médicale)», précise à l'AFP Lynn Maalouf, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d'Amnesty. L'ONG interpelle aussi sur l'«urgente» question de leur retour.
Certains Syriens reçoivent la permission de quitter le camp de manière permanente, un sésame qu'ils ne saisissent pas forcément de peur de retourner dans des zones libérées par le gouvernement syrien, par crainte de rentrer sans leurs proches masculins détenus ou disparus ou à cause des coûts élevés du transport. Quant aux enfants irakiens ou ressortissants de pays tiers, «le rapatriement est la seule chance de quitter le camp», insiste Amnesty. En 2021, l'Irak a entamé un lent processus de rapatriement.
Pour les autres pays, il se fait au cas par cas, à l'instar de la France très réticente au retour de ses ressortissants (80 femmes et 200 enfants).