Birmanie: libération de plus de 5000 manifestants emprisonnés depuis le coup d’État
Par AFP
La Birmanie va libérer des manifestants emprisonnés pour avoir protesté contre le coup d’Etat de l’armée en février. Au total, 5 636 prisonniers seront graciés et libérés avant le festival de Thadingyut qui débute mardi, a déclaré, lundi 18 octobre, le général Min Aung Hlaing, sans donner de détails sur les personnes qui seraient incluses dans la liste.
Le putsch militaire du 1er février a mis fin à une brève parenthèse démocratique d’une décennie dans le pays. Depuis, l’armée mène une répression sanglante avec plus de 1 100 civils tués et quelque 7 000 en détention, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, qui rapporte des cas de torture, de viol et d’exécution extrajudiciaire.
Le chef de la junte exclu du sommet de l’Asean
Fin juin, les autorités avaient libéré plus de 2 000 opposants au coup d’Etat qui étaient détenus dans les différentes prisons du pays, dont des journalistes locaux arrêtés pour avoir critiqué la répression sanglante de la junte.
Le rédacteur en chef du média Frontier Myanmar, Danny Fenster, de nationalité américaine, est toujours détenu dans la prison d’Insein, près de Rangoun, depuis son arrestation le 24 mai.
Cette nouvelle décision de remettre des prisonniers en liberté intervient après que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) a exclu, vendredi, Min Aung Hlaing d’un prochain sommet en raison de la gestion de la crise par le gouvernement militaire. Les ministres des affaires étrangères du bloc ont convenu qu’un « représentant non politique » birman serait invité à sa place au sommet prévu du 26 au 28 octobre.
L’organisation, qui regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est, dont la Birmanie, a pris cette mesure exceptionnelle après que la junte a rejeté les demandes d’envoi d’un représentant spécial pour dialoguer « avec toutes les parties prenantes », dont l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi.
« Progrès insuffisants »
Renversée par l’armée en février, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix et âgée de 76 ans, est visée par une multitude de procédures judiciaires qui pourraient lui valoir de longues années d’emprisonnement.
Le communiqué de l’Asean a fait état de «progrès insuffisants» dans la mise en œuvre d’un plan en cinq points, adopté en avril, qui devait contribuer à rétablir le dialogue en Birmanie et faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire. La junte birmane avait critiqué cette décision, accusant l’Asean d’avoir enfreint la règle de non-ingérence dans la politique intérieure de ses Etats membres.
La semaine dernière, le principal avocat d’Aung San Suu Kyi a déclaré que la junte lui avait interdit de parler aux journalistes, aux diplomates ou aux organisations internationales.
L’équipe de défense de l’ex-dirigeante birmane était l’unique source d’information sur son procès qui se tient à huis clos. Aung San Suu Kyi est appelée à témoigner pour la première fois le 26 octobre.