La France a failli acheter le logiciel espion israélien Pegasus
Par AlAhed avec sites web
Il y a près d’un an, la France négociait avec la société israélienne NSO en vue d’acheter le logiciel espion Pegasus, avant que Macron n’interrompe le processus, selon Europe 1 et CNews. Le gouvernement a finalement lui-même été victime du logiciel.
En juillet dernier, le journal «Le Monde» révélait que des téléphones de hauts responsables politiques, dont celui d'Emmanuel Macron, figuraient sur la liste des numéros potentiellement surveillés par le logiciel d'espionnage Pegasus. Immédiatement, le président de la République Emmanuel Macron avait changé tous ses téléphones. Si les investigations sont encore en cours, on sait que 15 ministres, dont le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, figuraient sur les listes de ce que l'on appelle des «cibles». Le gouvernement était apparu abasourdi par de telles révélations, ne sachant pas comment réagir face à cette opération d'espionnage industrielle inédite.
Une société connue du gouvernement
Pour autant, cette société israélienne n'est pas si inconnue du gouvernement français. En effet, selon les informations d'Europe 1 et de Cnews, six mois avant l'affaire, plusieurs services de l'État étaient en discussions commerciales avec la société NSO. En réalité, cela faisait un peu plus d'un an et demi que la France cherchait à se doter d'un outil de ce type. Pour une raison : aucune société tricolore n'est capable de fournir une telle prestation. Les services de renseignement ont beaucoup de mal à casser les codes cryptés des messageries comme Telegram, WhatsApp ou encore Signal.
L’avantage des solutions proposées par la société NSO est qu’au de casser ces fameux codes, ce logiciel permet d'entrer directement sur le téléphone d’une cible, c’est-à-dire une personne qu’on espionne. Immédiatement, vous pouvez accéder au contenu intégral d'un téléphone. Par exemple, si vous êtes soupçonné d'espionnage au profit de la Chine, vos photos, vos messages, vos mails, vos données de géolocalisation seront transmises.
Un contrat était sur le point d'être signé avec la France
Les services de renseignements et le ministère de la Justice n’ont jamais été autant démarchés par ces sociétés de cyber-espionnage. Plusieurs fonctionnaires français ont échangé avec la société NSO pour trouver des solutions permettant d'aspirer plus facilement les données cryptées. Ils sont même allés très loin dans les négociations commerciales : sur le point de signer un contrat, ils ont demandé à Emmanuel Macron en personne de trancher, le sujet étant ultra-sensible.
Un vrai débat s'est suivi entre les spécialistes qui conseillent le chef de l'État en matière de Défense et de renseignement. Mais le "non" catégorique présidentiel a mis fin aux discussions, six mois avant le scandale Pegasus. Depuis ces révélations, Laurent Nunez, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme à l'Élysée, fait le point sur cette affaire Pegasus avec les principaux services chaque semaine. Preuve s'il en fallait que le potentiel de dangerosité de ce type de logiciel est pris très au sérieux, au plus haut niveau de l'État.
Qui l’utilisait?
C’est surtout le Maroc qui avait été soupçonné d’avoir eu recours à ce logiciel, ce qui a plombé ses relations avec l’Algérie, la France, l’Espagne, et d’autres pays. Mardi 28 septembre, sans toutefois mentionner Pegasus, Paris a réduit le nombre de visas accordés aux ressortissants de ce pays, ainsi qu’à ceux de Tunisie et d’Algérie.
Début septembre, la police criminelle allemande, mise sous pression par les médias nationaux, a reconnu avoir acheté le logiciel, bien que le contrat portât sur une version limitée de celui-ci. Au total, quelque 50.000 numéros de téléphone ont pu être parasités, dont un millier de téléphones français.