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Afghanistan: Blinken dit ne pas savoir si une frappe US à Kaboul a tué un humanitaire ou un terroriste

Afghanistan: Blinken dit ne pas savoir si une frappe US à Kaboul a tué un humanitaire ou un terroriste
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Par AlAhed avec AFP

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reconnu mardi 14 septembre ne pas savoir si la dernière frappe des États-Unis à Kaboul, censée avoir empêché «une menace imminente», avait tué un terroriste du groupe «Daech-Khorasan» (EI-K) ou un humanitaire.

Le quotidien New York Times avait publié vendredi une enquête contestant la version du gouvernement de Joe Biden à propos de cette attaque aérienne par drone menée le 29 août, juste avant la fin du retrait américain d'Afghanistan, indiquant qu'elle pourrait avoir tué non un terroriste à la voiture chargée d'explosifs, mais un employé d'ONG transportant des bidons d'eau.

«L'homme que l'administration Biden a tué par drone, c'était un travailleur humanitaire ou un militant de l'EI-K?», a demandé le sénateur républicain Rand Paul lors d'une audition parlementaire sur le retrait d'Afghanistan. «Je ne sais pas car nous sommes en train d'examiner» cette frappe, a répondu Antony Blinken.

Le sénateur a estimé que si l'attaque américaine avait effectivement tué des civils, dont des enfants, «vous avez peut-être créé des centaines ou des milliers de nouveaux terroristes potentiels, en bombardant de mauvaises cibles».

La famille du conducteur du véhicule, Ezmarai Ahmadi, avait indiqué à l'AFP au lendemain de la frappe que dix personnes, dont une majorité d'enfants, avaient été tuées.

Selon le journal américain, qui se base sur des images de caméras de surveillance et sur des entretiens, les déplacements jugés suspects par l'armée américaine d’Ezmarai Ahmadi le jour de la frappe correspondaient à une journée de travail ordinaire.

Il indique aussi que le coffre de la voiture était certainement rempli de bidons d'eau que l'homme rapportait chez lui.

Le porte-parole du Pentagone John Kirby, interrogé vendredi sur les révélations du New York Times, avait affirmé que l'enquête continuait mais avait assuré que l'armée continuait «à croire» que la frappe avait «empêché une menace imminente contre l'aéroport» où les États-Unis menaient l'évacuation de dizaines de milliers de personnes.

«Chaos»

L'armée américaine a quitté l'Afghanistan fin août après vingt années de guerre.

Des sénateurs démocrates américains ont en outre étrillé mardi la mise en œuvre «fatalement défaillante» du retrait d'Afghanistan par le gouvernement de Joe Biden, lors d'une audition du chef de la diplomatie Antony Blinken, déjà confronté la veille aux vives critiques des républicains.

«La mise en œuvre du retrait américain a été clairement et fatalement défaillante», a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Menendez, réclamant que le gouvernement apporte «des explications complètes» et «rende des comptes».

S'il a estimé, comme Antony Blinken, que «le chaos» qui a accompagné le retrait et l'évacuation à la hâte de dizaines de milliers de personnes fin août était dû à «l'accord de reddition» conclu en 2020 par l'ex-président américain Donald Trump avec les talibans, l'influent élu démocrate a aussi déploré l'impréparation de Washington.

En cause, notamment, les défaillances du renseignement, qui d'après le secrétaire d'Etat n'a pas vu venir l'effondrement de l'armée afghane et la prise rapide du pouvoir par les talibans. Et le processus très poussif pour attribuer des visas américains aux Afghans susceptibles de subir des représailles de la part des talibans.

«N'aurions-nous pas dû commencer plus tôt?», a interrogé Bob Menendez, qui s'est dit aussi «très déçu» par le refus du ministre de la Défense Lloyd Austin d'être entendu par sa commission.

Comme lundi devant les députés de la Chambre des représentants, Antony Blinken a défendu les décisions de son gouvernement.

Il a insisté plusieurs fois sur le fait que personne n'avait prédit que les insurgés pourraient prendre le pouvoir «en onze jours», avant même le départ du dernier soldat américain.

«Je ne pense pas que ce soit vrai», a répondu le sénateur démocrate Tim Kaine, à l'instar de nombreux républicains. «La probabilité d'un effondrement» des autorités «n'était pas de 0%», a-t-il insisté.

«Beaucoup d'entre nous veulent savoir comment le renseignement a pu se tromper à ce point», a lancé le sénateur démocrate Ben Cardin.

Il a aussi estimé que les plans d'urgence prévus avaient échoué à garantir l'accès à l'aéroport de Kaboul des personnes voulant fuir l'Afghanistan.

Antony Blinken a expliqué que le renseignement américain avait estimé en février que le pire des scénarios verrait les talibans prendre la capitale afghane dans les deux ans suivant le départ des États-Unis.

En juillet, face à l'avancée des talibans, le renseignement a revu sa prévision, prévenant que les talibans pourraient arriver au pouvoir avant fin 2021.

Le sénateur républicain Marco Rubio a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un «échec du renseignement» mais d'un «échec de la politique», car le gouvernement «n'a pas su ou pas voulu voir» ce qui allait se passer.

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