Ce nucléaire israélien «invisible» sur lequel les États-Unis ferment les yeux depuis 50 ans
Par AlAhed avec sites web
Depuis 52 ans, un rituel a lieu lors de la première rencontre à la Maison Blanche entre le président américain nouvellement élu et le chef du «gouvernement israélien». Les deux parties renouvellent de mystérieux «arrangements stratégiques» en se gardant bien d’en divulguer officiellement la teneur. Joe Biden n’a pas failli à cette tradition lors de son premier entretien avec Naftali Bennett et a reconduit cet accord par lequel Washington ferme les yeux sur le nucléaire israélien, sur lequel l'Entité israélienne est lui-même très secret…
Pas dit, pas pris. «Israël» et les États-Unis continuent d’appliquer à la lettre ce précepte sur le dossier hypersensible de l'atome. Il est vrai que l'enjeu est de taille: «Israël» disposerait de 200 têtes nucléaires pouvant équiper des missiles à longue portée de 2 000 kilomètres de type «Jéricho» ainsi que des sous-marins, selon les estimations d’experts militaires étrangers qui font face au plus grand silence médiatique.
Et pour cause: les dirigeants israéliens n’ont jamais brisé l’omerta sur la question en admettant que l’entité sioniste dispose d’un tel arsenal. En guise de réponse à toutes les questions, ils recourent depuis des décennies à une formule aussi vague que laconique selon laquelle «Israël ne sera pas le premier pays à introduire l’arme nucléaire dans la région». Mais personne n’est dupe.
Les «arrangements» conclus entre Israéliens et Américains relèvent de l’échange de bons procédés. Les Américains s’engagent à ne pas exercer de pressions sur l’Entité israélienne pour le contraindre à signer le traité de non-prolifération nucléaire, qui interdit la production de bombes atomiques.
Objectif avoué: permettre à «Israël» de conserver une «dissuasion stratégique» face à ses ennemis, en premier lieu desquels la République islamique d'Iran. De son côté, l’entité sioniste promet de ne pas reconnaître officiellement détenir des armes nucléaires au nom d’une politique dite «de l’ambiguïté», à ne pas menacer d’y recourir et à ne pas procéder à des tests.
Accord tacite puis écrit
Cet accord conclu pour la première fois en 1969 entre Richard Nixon et Golda Meir, la Première ministre israélienne de l’époque, a été longtemps purement verbal. Mais en 1998, Bill Clinton a été plus loin et accepté que ces arrangements soient couchés sur le papier.
Ses successeurs ont fait de même. En 2009, l’arrivée au pouvoir de Barack Obama a donné quelques sueurs froides à Benjamin Netanyahu qui redoutait que les États-Unis utilisent ces «arrangements» comme monnaie d’échange pour obtenir des concessions sur d’autres dossiers.
Finalement, Barack Obama a apposé sa signature sans rechigner. Netanyahou, avec lequel les rapports étaient très tendus, a fait une allusion à peine voilée à cet épisode lors d’une interview. «J’ai demandé à recevoir puis reçu de lui une liste détaillée d’arrangements stratégiques qui existent entre nos deux pays depuis de nombreuses années. Ce n’est pas pour rien que j’ai présenté cette demande et ce n’est pas pour rien que j’ai obtenu satisfaction», s’est félicité l'ancien Premier ministre.
Marché Bennett-Biden
Joe Biden n’a pas fait exception à la règle. Il a lui aussi donné son feu vert. Depuis le printemps, des négociations ont lieu à Vienne pour un éventuel retour des États-Unis dans l’accord international sur le nucléaire iranien et une levée des sanctions américaines contre Téhéran.
Donald Trump avait sorti son pays de cet accord en 2018 trois ans après sa signature. Pour le moment, les pourparlers dans la capitale autrichienne sont au point mort à la plus grande satisfaction d’«Israël» qui n’a cessé d’en dénoncer les multiples failles.
Mais lors de leur rencontre à Washington, Naftali Bennett a fait une concession à Joe Biden. Il s’est engagé à s’abstenir de lancer une vigoureuse campagne politique et médiatique dans le monde, y compris aux États-Unis, contre la signature du moindre accord avec l’Iran. Il prend ainsi le contrepied de Netanyahu qui n’avait pas hésité à venir en personne dénoncer la décision de Barack Obama d’entériner cet accord lors d’un discours au Congrès américain.