La France doit se préparer à la «guerre des drones», alerte un rapport du Sénat
Par AlAhed avec AFP
Paris doit impérativement étoffer son parc de drones et se doter de capacités de protection face à cette menace croissante, alerte un rapport du Sénat français.
Les drones militaires «préfigurent les conflits de demain, où ils seront omniprésents» à la fois sur le territoire national et sur le champ de bataille, relève le rapport de la commission de la Défense du Sénat français intitulé «Se préparer à la guerre des drones: un enjeu stratégique», qui doit être présenté mercredi.
«Depuis 2019, un rattrapage capacitaire est en cours: les forces armées disposeront de plusieurs milliers de drones d’ici à 2025, contre quelques dizaines seulement il y a quatre ans», notent les auteurs.
L'année passée, 58% des frappes dans la bande sahélo-saharienne ont été assurées par des drones Reaper, armés depuis fin 2019.
Le programme Eurodrone, qui a vocation à remplacer les Reaper à partir de 2028, est «enfin sur des rails» après une longue période de négociations avec les partenaires allemand, espagnol et italien.
De plus, la France a accéléré l’acquisition de petits drones, dits de contact, salue le rapport qui rappelle que 277 de ces appareils ont été livrés depuis 2019, et que 150 autres viennent d’être commandés, avec un objectif de 900 en 2025.
L’enjeu est de taille, au vu de l’importance croissante des drones sur le champ de bataille.
Utilisation massive
«Plusieurs conflits récents, non seulement la guerre au Haut-Karabagh (ndlr: dans le Caucase) en 2020 mais aussi les combats en Libye en septembre 2019 et la campagne turque dans le nord de la Syrie en mars 2020 ont été marqués par l’utilisation massive de drones tactiques et de petits drones», selon des modes opératoires nouveaux (guidage de tirs d’artillerie, leurrage, vols en essaims, attaques suicides) «pour pénétrer les défenses sol-air adverses».
A l’instar d’«Israël» et de la Chine, la Turquie et l’Iran se sont lancés dans la production à grande échelle et l’exportation de ces drones «bon marché», rappellent ses auteurs.
Selon le rapport, il faut ainsi envisager d’«acquérir une capacité semblable de drones peu coûteux et sacrifiables»: microdrones simples destinés à servir de leurres ou à mener des attaques saturantes, microdrones armés (qui ne seraient cependant pas des armes autonomes) et drones d’attaque un peu plus gros, capables d'emporter des munitions téléopérées.
Une priorité
Il convient enfin de faire de la lutte antidrones une priorité, y compris sur le territoire français où le nombre de drones, en majorité civils, est passé de 400'000 en 2017 à 2,5 millions aujourd’hui.
Des premières capacités ont été acquises en urgence après le survol en 2014 de sites sensibles par des drones, notamment de centrales nucléaires.
Le rapport rappelle qu'il faut pouvoir détecter la menace et ensuite la neutraliser, qu’il s’agisse de leurrer, de brouiller ou de détruire le drone, suivant que l’on se trouve en terrain dégagé ou non.
Pour un usage militaire, les lasers peuvent constituer une «solution prometteuse», estiment les sénateurs, même s’il «n’existe pas de solution totalement adaptée et satisfaisante» à toutes les situations.
Le ministère des Armées a lancé un marché, baptisé Parade, pour développer une protection antidrones pour les sites militaires.
Il prévoit d’y consacrer 350 millions d’euros (environ 384 millions de francs) sur 11 ans, mais seulement 70 millions d'euros (77 millions de francs) d’ici à 2025, s’inquiètent les élus.
«Il faut privilégier des processus d’acquisition agiles, rapides. J’ai le sentiment qu’on n’a pas adapté nos processus d’acquisition à l’évolution galopante des technologies», estimait récemment l’un des auteurs du rapport.