Génocide des Tutsi: un prêtre franco-rwandais inculpé et incarcéré en France
Par AFP
Un prêtre rwandais, réfugié et naturalisé français, a été inculpé et incarcéré mercredi, accusé, entre autres, d'avoir «fourni des vivres aux miliciens» ayant massacré des Tutsi dans son église au Rwanda en 1994, ce qu'il conteste, a appris l'AFP vendredi auprès du Parquet.
Interpellé mercredi à son domicile du Sud-Ouest de la France, Marcel Hitayezu, né en 1956, a été mis en examen (inculpé), notamment pour «génocide» et «complicité de crimes contre l'humanité», par un juge d'instruction du tribunal de Paris, selon le Parquet national antiterroriste (Pnat), également chargé des dossiers de crimes contre l'humanité.
«Prêtre de la paroisse de Mubuga (Sud) au Rwanda en 1994, Marcel H. se voit reprocher d’avoir», en avril 1994, «privé de vivres et d’eau des Tutsi s’étant réfugiés dans son église» et d'avoir «fourni des vivres aux miliciens interahamwe ayant attaqué les Tutsi réfugiés» dans le bâtiment, a précisé le Pnat dans un communiqué.
«Marcel H. a contesté ces faits lors de son interrogatoire de première comparution devant le juge d'instruction», a ajouté le ministère public.
Ce prêtre avait été visé par une demande d'extradition du Rwanda, que la Cour de cassation avait définitivement rejetée en octobre 2016, comme ce fut le cas pour tous les suspects de participation au génocide réclamés par Kigali.
Le génocide au Rwanda a fait, entre avril et juillet 1994, plus de 800.000 morts, selon l'ONU, essentiellement des membres de la minorité tutsi.
Cette inculpation «est une excellente nouvelle» et «l'Eglise doit s'interroger sur la façon de donner des responsabilités à des gens qui sont soupçonnés d'avoir participé au génocide», a réagi auprès de l'AFP Alain Gauthier, cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), partie civile dans ce dossier.
Pour examiner les accusations portées contre Marcel Hitayzu, la justice française avait ouvert une information judiciaire le 26 juillet 2019.
«Il était jusqu'à mercredi vicaire du curé d'une paroisse à Montlieu-la-Garde», a indiqué à l'AFP le diocèse de La Rochelle (Sud-Ouest).
Selon le quotidien catholique français La Croix, le prêtre, après trois ans passés dans des camps de réfugiés dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), était «arrivé entre 1998 et 1999» dans ce diocèse et «le statut de réfugié lui (avait) été accordé le 26 janvier 2011».
Un autre prêtre réfugié en France, Wenceslas Munyeshyaka, a été accusé d'avoir joué un rôle dans les massacres de 1994 au Rwanda. Il a bénéficié d'un non-lieu en 2015, devenu définitif en 2019.