Les Tchadiens ont voté pour élire leur président, Idriss Déby archi-favori
Par AlAhed avec AFP
Les Tchadiens ont voté ce dimanche à la présidentielle où le maréchal-président Idriss Déby Itno brigue un sixième mandat qu'il est assuré de remporter face à six candidats sans envergure, après avoir écarté les rares ténors d'une opposition divisée.
Le véritable enjeu de ce scrutin reste la participation des quelque 7,3 millions d'électeurs, sur 15 millions d'habitants.
Les deux camps crient déjà victoire: l'opposition la plus dure, qui considère que son appel au boycott du scrutin a été suivi, et le pouvoir, qui assure que les Tchadiens se sont massivement déplacés pour voter.
Au pouvoir depuis 30 ans, le chef de l'État a voté dans la matinée devant une nuée de journalistes, de militaires et de policiers en armes, et a appelé la population à faire de même.
Le maréchal Déby a fait largement campagne sur la «paix et la sécurité» dont il dit être l'artisan, dans son pays mais aussi dans une région tourmentée: le Tchad, enclavé entre la Libye, le Soudan, la Centrafrique entre autres, est un contributeur de poids au combat contre les terroristes au Sahel, en projetant des troupes aguerries jusqu'au Mali et parfois au Nigeria.
Mais le bilan économique est peu reluisant. Le Tchad est classé au 187e rang sur 189 selon l'Indice de Développement Humain du programme de l'ONU en 2020. En 2018, 42% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
À N'Djamena, les rues étaient quasi vides, avec un important déploiement de policiers et de militaires quadrillant la ville. La majorité des habitants semblent se désintéresser d'un scrutin «joué d'avance» et tentent péniblement de joindre les deux bouts, entre deux coupures d'eau et d'électricité, parfois plusieurs jours d'affilée.
Depuis plusieurs mois, le régime interdit systématiquement les «marches pacifiques pour l'alternance» que tentent d'organiser les partis d'opposition les plus virulents. Et la redoutable police anti-émeute disperse chaque début de rassemblement, qui n'attire que quelques dizaines de téméraires.
Première femme candidate
La Cour suprême a invalidé les candidatures de sept des 16 prétendants. Puis trois candidats, dont le rival «historique» Saleh Kebzabo, se sont retirés pour protester contre les violences et ont appelé au boycott, mais la Cour a maintenu leurs noms sur les bulletins de vote qui affichent donc 10 candidats.
Six seulement défient effectivement le président: Félix Nialbé Romadoumngar, Albert Pahimi Padacké, Théophile Yombombe Madjitoloum, Baltazar Aladoum Djarma, Brice Mbaïmon Guedmbaye et, première femme candidate de l'histoire du Tchad, Lydie Beassemda.
Des soldats d'élite aux bérets rouges de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, étaient positionnés depuis samedi massivement aux endroits les plus sensibles. Des policiers et militaires étaient stationnés près des sièges des partis appelant au boycott.
Les résultats provisoires sont prévus le 25 avril, et les résultats définitifs le 15 mai.
«La seule chose qui compte aux yeux de Déby, c'est de l'emporter dès le premier tour avec une participation importante, pour qu'on ne lui objecte pas qu'il a été mal élu», résume un diplomate sous couvert d'anonymat.