Le Front Polisario dénonce la visite du CICR au Sahara occidental sans sa consultation
Par AlAhed avec Sputnik
Dans un entretien à Sputnik, le représentant du Front Polisario en Europe et à l’UE dénonce la visite effectuée par une délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans les territoires du Sahara occidental sous administration marocaine, sans l’en avoir informé. «Une volonté de conforter la position du Maroc», estime-t-il.
Vendredi 12 mars, la presse marocaine a annoncé une visite en cours d’une délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur le territoire du Sahara occidental sous l’autorité du Maroc. Après une condamnation le jour même de la part de la Commission nationale sahraouie des droits de l’homme (CONASADH) qui a reproché à la délégation du CICR de s’être rendue dans ces territoires sans en informer la direction du Front Polisario, ce dernier a indiqué lundi 15 mars dans un communiqué que non seulement il n’a pas été consulté, mais que la mission du CICR était «en totale contradiction avec les principes fondamentaux» de l’ONG.
Ainsi, dans un entretien à Sputnik, le représentant du Front Polisario en Europe et au sein de l’Union européenne, Oubi Bouchraya Bachir, accuse le CICR d’apporter «une caution à la colonisation marocaine».
Quid «des principes fondamentaux du CICR»?
Alors que le Maroc accuse le Front Polisario et l’Algérie de manquer aux droits des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), voire de les violer, M. Bouchraya Bachir se demande «pourquoi la délégation du CICR ne s’est pas rendue dans les prisons marocaines où sont détenus illégalement des militants de la cause sahraouie?».
«Alors que cette ONG sait pertinemment que l’Assemblée générale de l’Onu a reconnu en 1979 que le territoire du Sahara occidental comme non autonome et que le Front Polisario était le représentant légitime du peuple sahraoui, elle ne s’est embarrassée d’aucune gêne pour se rendre dans ces territoires en la compagnie exclusive de représentants du Croissant rouge marocain (CRM), et ce sans en informer la direction sahraouie», déplore-t-il, soulignant que «le CICR, en se comportant de la sorte, a manqué de manière flagrante à sa mission».
«Cette manière d’agir est en totale contradiction avec les principes fondamentaux de cette institution, à savoir: impartialité, neutralité et indépendance».
Dans le même sens, le représentant du Front Polisario à l’UE rappelle que la visite du CRM dans ces «territoires occupés est illégale» et constate que le «CICR ne s’est pas du tout inquiété du sort des victimes de l’actuelle répression des forces armées depuis le 13 novembre 2020».
«Aucune initiative pour la libération des détenus politiques sahraouis»
Ainsi, le fait que «la délégation de cette ONG internationale n’a[it] même pas évoqué la nécessité de participer à la recherche des centaines de civils et militaires sahraouis disparus depuis le début du conflit en 1975 ne saurait être interprété que comme une volonté de conforter la position du Maroc, tout en détournant les yeux des crimes contre l’humanité commis contre les Sahraouis».
Enfin, Oubi Bouchraya Bachir assure que le Front Polisario a toujours «travaillé à faciliter les démarches du CICR en vue de la libération des prisonniers de guerre marocains».
Et ceci, «au moment où nous n’avons enregistré aucune initiative pour la libération de l’ensemble des détenus politiques sahraouis emprisonnés au Maroc ni même l’organisation d’une visite en sa compagnie dans les prisons marocaines», conclut-il.
En février, dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, le représentant permanent du Maroc auprès de l’Onu, Omar Hilale, affirme que «depuis sa renonciation au cessez-le-feu et aux accords militaires [le 13 novembre 2020 suite à l’intervention de l’armée marocaine au passage frontalier de Guerguerat, Ndlr], le Polisario mène, conjointement avec l’Algérie, une campagne hystérique visant à induire en erreur la communauté internationale au sujet d’un prétendu conflit armé et de supposées violations des droits de l’homme au Sahara occidental».
Il accuse également le mouvement politique et armé du Sahara occidental d’avoir appelé «ouvertement à des actes de violence contre les personnes et de sabotage des installations civiles».
L’Algérie a réfuté ces allégations et appelé à des négociations directes entre les deux parties pour mettre fin au conflit.