A Dimona, «Israël» agrandit son plus vieux site de production nucléaire
Par Marianne.net
Depuis plus d’un an, l’affaire était «top secrète». Mais des images satellites diffusées il y a quelques jours par un groupe d’experts nucléaires internationaux ont révélé d’importants travaux d’extension du réacteur nucléaire de Dimona dans le sud d’«Israël».
Il s'agit du plus vieux production nucléaire israélien. Ultra-sensible, le réacteur de Dimona est au cœur de l’arsenal nucléaire d’«Israël» qui disposerait d’au moins 80 bombes H produites à partir du plutonium de la région, ce que le gouvernement n’a jamais admis. Pas étonnant dans ces conditions, que l’Iran, le Hezbollah, l’allié libanais de Téhéran et le Hamas agitent périodiquement la menace d’attaques contre cette installation. Une menace prise très au sérieux. Il y a deux ans, Zeev Snir le patron de la Commission israélienne de l’Energie Atomique avait déclaré que les mesures de protection du réacteur avaient été renforcées pour faire face à d’éventuels tirs de missiles. Selon des médias étrangers, des batteries d’interception de missiles et de roquettes de type «Iron Dome» seraient désormais déployées en permanence dans ce secteur du désert du Neguev. Pour Uri Even, un savant atomiste qui a travaillé à Dimona, l’agrandissement du site pourrait aussi permettre de traiter des déchets qui s’accumulent. Avner Cohen, grand spécialiste américain du dossier nucléaire israélien, estime au vue des photos qu’une partie des nouvelles installations seraient en effet souterraines sur deux à trois étages.
Un vieux réacteur qui inquiète le voisinage et la communauté internationale
Reste que dans la région, la transformation de Dimona fait polémique. Erigé il y a près de 60 ans en coopération avec la France, grand allié d’«Israël» à l’époque, le réacteur aurait dû être démantelé depuis longtemps. Mais sa mise à la retraite contraindrait «Israël» à construire un autre réacteur nucléaire, ce qui prendrait des années et ne manquerait pas de déclencher une campagne internationale contre un tel projet. Résultat : les responsables israéliens ont décidé que le réacteur devait coûte que coûte continuer à fonctionner, malgré les voix qui s’élèvent contre ce qui est parfois assimilé à un «acharnement thérapeutique».
Pour rassurer les dizaines de milliers d’habitants qui vivent aux alentours de la centrale, des experts pro-nucléaires assurent qu’un accident grave provoqué par une attaque de missiles ou un puissant tremblement de terre dans une zone à haute activité sismique n’auraient pas de conséquences catastrophiques comparables à ce qui celles qui ont ravagé Tchernobyl en Ukraine et Fukushima au Japon. Selon eux, toutes les mesures de protection ont été prises pour prolonger le fonctionnement interne du réacteur. Des assurances qui laissent certains sceptiques...
1 527 défauts repérés dans le cœur en aluminium
D'autres rejettent même franchement de telles promesses. Comme ces scientifiques de l’université de «Tel Aviv» qui ont ainsi repéré dans une étude pas moins de 1 527 «défauts» dans le cœur en aluminium du réacteur à l’aide d’une technique d’échographie.
Une autre expertise publiée dans une revue scientifique américaine estime que des missiles tombant dans un rayon de moins de 35 mètres du réacteur pourraient provoquer des dégâts et des risques de contaminations radioactives beaucoup plus importants.
Tous ces signes inquiétants n’ont pas empêché les autorités de prolonger la survie du réacteur qui aurait dû s’arrêter en 2003 après 40 ans de bons et loyaux services. Dimona pourrait en fait continuer à fonctionner 40 ans supplémentaires. Un pari des plus risqués, mais totalement assumé par un gouvernement obsédé par des menaces nucléaires iraniennes.