Incarcérée depuis 2018, la militante saoudienne Loujain al-Hathloul risque la peine maximale
Par AlAhed avec Le Figaro
Jugée par un tribunal anti-terroriste, la militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul risque 20 ans de prison. Sa famille et la communauté internationale demandent sa libération.
Vingt ans de prison. Selon le média britannique The Guardian, le procureur a requis la peine maximale à l'encontre de Loujain Al Hathloul. Transféré le moins dernier par un juge de la Cour pénale de Ryad, à une cour spécialisée dans les affaires de «terrorisme», le procès de la militante féministe a débuté le 10 décembre. Selon Lina Al Hathloul, sœur de l'activiste, une nouvelle audience aura lieu le 21 décembre.
Incarcérée depuis 2018, Loujain Al Hathloul a été arrêtée avec d'autres militantes en mai 2018, peu avant la levée de l'interdiction de conduire imposée aux Saoudiennes, une réforme pour laquelle elles militaient. Selon le ministre saoudien des affaires étrangères Fayçal ben Farhan Al-Saoud, la jeune femme de 31 ans est accusée d'avoir été «en contact avec des États hostiles» au royaume wahhabite et d'avoir «transmis des informations confidentielles». Mais sa famille affirme que le gouvernement saoudien n'a apporté aucune preuve tangible à l'appui de ces accusations.
«Ils disent qu’elle est une terroriste»
«Ils disent qu’elle est une terroriste, en réalité, c’est une humanitaire, une militante et une femme qui veut simplement un monde plus juste», s'insurge sa sœur.
Le 28 octobre dernier, Loujain al-Hathloul avait entamé une grève de la faim en prison avant de l'interrompre deux semaines plus tard.
Victime de harcèlement sexuel et de torture, la détenue aurait également raconté à ses proches que l'ancien conseiller royal, Saud al-Qahtani, aurait menacé de la violer et de la tuer, ce qui nient les autorités saoudiennes.
«Ma sœur doit être libérée. Elle devrait être louée comme un héros, au lieu de cela, elle est emprisonnée et torturée. Au cours des deux ans et demi qui se sont écoulés depuis son arrestation, elle a subi des passages à tabac, des agressions sexuelles, des grèves de la faim et l’isolement cellulaire», a souligné Lina Al Hathloul.
«Tout ce que ma sœur a fait, c’est demander que les femmes soient traitées avec la dignité et la liberté qui devraient être leur droit. Pour cela, les autorités saoudiennes demandent la peine maximale prévue par la loi – 20 ans de prison», a-t-elle réitéré.
«Loujain est une héroïne, une combattante»
«Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre que Loujain al-Hathloul, qui est détenue depuis plus de deux ans sous des accusations fallacieuses, est désormais jugée par une cour spécialisée dans les affaires de terrorismes», a déclaré le 10 décembre Elizabeth Broderick, présidente du groupe de travail de l'ONU sur les discriminations envers les femmes et les filles. «Nous demandons une nouvelle fois à l'Arabie Saoudite de libérer immédiatement cette militante des droits humains qui a grandement contribué à faire progresser les droits des femmes», a-t-elle ajouté.
En France, le journal Libération a publié le 17 décembre une tribune de l'écrivaine Leïla Slimani, appelant elle aussi à la libération de la militante. «Loujain est une héroïne, une combattante que nous, féministes du monde entier, devons soutenir et défendre. Son courage nous oblige. Nous ne pouvons pas regarder sans rien faire un pouvoir cynique et misogyne broyer une militante des droits humains et fouler aux pieds ses droits. Et nous devons exiger de nos gouvernants qu’ils défendent, partout, le droit des femmes à disposer de leur vie», écrit-elle.