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Plus de 1640 Rohingyas sont arrivés sur l’île de Bhasan Char, fréquemment inondée

Plus de 1640 Rohingyas sont arrivés sur l’île de Bhasan Char, fréquemment inondée
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Par AFP

Plus de 1640 Rohingyas, transférés par les autorités bangladaises, sont arrivés vendredi 4 décembre sur l'île de Bhasan Char, que les organisations des droits humains estiment dangereuse, dans le cadre de la première phase d'un projet controversé de relocalisation de 100.000 réfugiés.

La sécurité a été renforcée vendredi sur l'île de 52 km2, située dans le golfe du Bengale où un poste de police a été créé et près de 300 policiers, dont des femmes, ont été déployés, a déclaré vendredi à l'AFP le fonctionnaire de police Golam Faruq.

Le Bangladesh a investi quelque 400 millions de dollars dans la construction des abris pour accueillir les réfugiés et une digue haute de trois mètres autour des installations. Selon des responsables, les Rohingyas se verront attribuer des chambres et des équipements de base, nécessaires à la vie quotidienne.

Jeudi, des fonctionnaires avaient indiqué à l'AFP qu'environ 2500 réfugiés rohingyas devaient être établis sur l'île lors de cette première phase de transfert. Selon son projet, Dacca prévoit à terme d'installer sur cette île, une formation sédimentaire régulièrement battue par les cyclones et fréquemment inondée, au moins 100.000 réfugiés rohingyas.

Ces réfugiés «devraient être autorisés à rester dans les camps de Cox's Bazar» s'ils ne veulent pas être transférés sur l'île de Bhasan Char, a estimé vendredi le porte-parole de l'ONU à propos de ce projet de relocalisation. «Nous avons eu des informations des camps selon lesquelles des réfugiés pourraient avoir changé d'idée et ne plus vouloir bouger», a déclaré Stéphane Dujarric lors de son point-presse quotidien. «Si c'est le cas, ils devraient être autorisés à rester dans les camps de Cox's Bazar», a-t-il ajouté, évoquant des «images troublantes de certains réfugiés en détresse» lors de leur voyage vers l'île.

Sous contrainte

Le porte-parole a indiqué que des discussions avaient été entreprises avec le Bangladesh à ce sujet. En précisant que l'ONU n'avait pas été impliquée dans le processus de relocalisation jusqu'à présent, il a réclamé «des évaluations techniques et de protection complètes pour évaluer la sécurité et les conditions de vie sur l'île de Bhasan Char avant toute réinstallation».

«Tout mouvement de réfugiés doit se faire volontairement, dans la sécurité et la dignité», a souligné Stéphane Dujarric.

Des organisations des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont signalé jeudi que certains réfugiés étaient contraints à partir, ce que le ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, A.K. Abdul Momen, a aussitôt réfuté.

Selon le gouvernement, les installations aménagées sur l'île sont «solidement construites avec des fondations en béton qui peuvent résister aux catastrophes naturelles telles que les cyclones et les raz-de-marée». L'île «dispose de toutes les commodités modernes, de l'eau douce toute l'année, d'un beau lac (...), d'infrastructures appropriées, (...) d'abris anticycloniques, de deux hôpitaux, de quatre cliniques communautaires, de mosquées, d'entrepôts, de services de télécommunication, d'un poste de police, de centres de loisirs et d'apprentissage, de terrains de jeux...», toujours d'après le gouvernement.

Misère noire

Quelque 750.000 réfugiés musulmans rohingyas, minorité persécutée en Birmanie, ont fui en 2017 une épuration ethnique dans l'Ouest de la Birmanie menée par l'armée et des milices bouddhistes. Ils sont venus grossir les rangs des quelque 200.000 Rohingyas déjà abrités au Bangladesh, legs de vagues de violence précédentes.

L'afflux massif de réfugiés a entraîné la création des camps où règne une misère noire que la pandémie de coronavirus a encore aggravée, permettant au trafic de drogue de se développer.

Le HCR estime que 860.000 Rohingyas vivent au Bangladesh dans des camps tout proches de la frontière avec la Birmanie. Quelque 150.000 autres ont trouvé refuge dans d'autres pays de la région. Environ 600.000 vivent toujours en Birmanie.

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