Karabakh: la Turquie condamne un texte voté par le sénat français
Par AlAhed avec AFP
La Turquie a condamné jeudi 26 novembre un texte voté la veille par le sénat français réclamant «la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh», une région séparatiste d'Azerbaïdjan en majorité peuplée d'Arméniens au centre d'un conflit meurtrier cet automne.
«La résolution votée par le Sénat français est un exemple du mépris des principes du droit international (...) pour des considérations de politique intérieure», a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dans le texte qu'il a voté, le Sénat condamne «l'agression militaire de l'Azerbaïdjan, menée avec l'appui des autorités turques et de mercenaires étrangers», et demande «le retrait immédiat» de ces forces armées des territoires pris depuis le 27 septembre.
La chambre haute du parlement français appelle aussi à une «enquête internationale sur les crimes de guerre commis au Haut-Karabakh» et invite le gouvernement à tirer les conséquences du «rôle joué par les autorités turques», Ankara ayant pris fait et cause pour Bakou dans le conflit.
La Turquie a rejeté ces accusations, les qualifiant d'«allégations infondées».
Ankara a en outre estimé que l'appel du Sénat à l'Azerbaïdjan à se retirer des territoires conquis était «ridicule, partial et déconnecté de la réalité».
Jugeant que le vote du Sénat, qui n'est pas contraignant, reflète «l'obsession turque» de la France, le ministère turc a toutefois affirmé qu'Ankara était prête à travailler avec Paris à un règlement durable au conflit.
Le vote du Sénat est intervenu en pleines tensions diplomatiques entre la France et la Turquie, notamment liées à des désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale.
Ces crispations se sont encore intensifiées dès la fin octobre, lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à boycotter les produits français, accusant son homologue français Emmanuel Macron d'«islamophobie» pour avoir défendu le «droit de caricaturer le prophète Mohammad» dans le cadre de la «liberté d'expression» et pour son discours contre le «séparatisme islamiste».
Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance il y a près de 30 ans mais celle-ci n'a pas été reconnue par la communauté internationale.
À l’issue de six semaines de combats qui ont débuté le 27 septembre, un accord de cessation des hostilités a finalement été signé le 9 novembre sous l'égide du Kremlin, à un moment où la situation militaire était catastrophique pour l'Arménie.
Selon les termes de cet accord, entré en vigueur le 10 novembre, l'Arménie s'est engagée à rendre plusieurs districts azerbaïdjanais échappant au contrôle de Bakou depuis 30 ans.