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Turquie: des centaines de suspects encourent la prison à vie en lien avec le coup manqué

Turquie: des centaines de suspects encourent la prison à vie en lien avec le coup manqué
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Par AlAhed avec AFP

Des centaines de suspects jugés pour leur implication présumée dans un putsch militaire manqué en 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan encourent la prison à vie jeudi à l'issue d'un gigantesque procès à Ankara.

Il s'agit du principal procès du coup d'Etat avorté, axé sur les événements qui se sont déroulés le 15 juillet 2016 au soir dans la base aérienne d'Akinci à Ankara, considérée comme le QG des militaires putschistes.

Alors chef d'état-major, l'actuel ministre turc de la Défense Hulusi Akar et d'autres haut gradés avaient été séquestrés dans cette base avant d'être libérés le 16 juillet au matin, après l'échec du putsch qui avait fait 251 morts et plus de 2.000 blessés.

Le procès de 475 suspects, en majorité des soldats ou des pilotes de l'armée de l'air, avait débuté en août 2017 dans la plus grande salle d'audience du pays, spécialement construite dans le complexe pénitentiaire de Sincan, dans la province d'Ankara.

Les prévenus sont notamment accusés de meurtre, tentative de renversement de l'ordre constitutionnel et tentative d'assassinat du président Erdogan. Ils risquent la prison à vie s'ils sont reconnus coupables par le tribunal qui rend son verdict jeudi.

Selon l'acte d'accusation, les suspects ont dirigé la tentative de putsch et donné des ordres depuis la base d'Akinci pour bombarder des bâtiments publics.

La nuit du coup avorté, des bombes larguées par des F16 avaient ciblé à trois reprises le parlement turc, ainsi que des routes autour du palais présidentiel, les QG des forces spéciales et de la police d'Ankara.

Les bombardements ont fait 68 morts et plus de 200 blessés dans la capitale turque. Neuf civils ont été tués lors d'une tentative de résistance aux putschistes à l'entrée de la base.

Ankara impute cette tentative de renverser le président Erdogan à son ancien allié, le prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années. L'intéressé, dont Ankara n'a cessé de demander l'extradition, dément tout rôle.

M. Gülen, ainsi qu'Adil Öksüz, un professeur de théologie qu'Ankara considère comme le chef opérationnel des putschistes, et quatre autres personnes sont jugés par contumace.

M. Öksüz avait été arrêté en Turquie quelques heures après l'échec du coup d'Etat, puis relâché dans des conditions obscures, avant de disparaître.

Parmi les autres suspects, 104 comparaissent libres et 365 sont en détention provisoire, selon l'agence étatique Anadolu.

2.500 peines de prison à vie

Un homme d'affaires, Kemal Batmaz, accusé d'avoir assisté Adil Öksüz, fait partie de quatre suspects qui risquent chacun 79 peines de prison à vie aggravées pour avoir dirigé la tentative de putsch.

La peine de prison à vie «aggravée», qui comporte des conditions de détention plus strictes, a remplacé dans l'arsenal juridique turc la peine de mort abolie en 2004.

Depuis le putsch avorté, les autorités traquent sans relâche les partisans de M. Gülen et ont déclenché des purges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire moderne de la Turquie.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues de leurs fonctions.

Les vagues d'arrestations se poursuivent à ce jour, bien que leur rythme est devenu moins intense cinq ans après la tentative de coup.

D'autres procès, avec un nombre encore plus important d'accusés, sont en cours. Plus de 520 personnes sont ainsi jugées dans un procès en lien avec les activités de la garde présidentielle.

Pas moins de 289 procès en lien avec la tentative de putsch se sont déjà achevés alors que 10 autres se poursuivent.

Les tribunaux ont à ce jour condamné 4.154 suspects, infligeant des peines de prison à vie à plus de 2.500 d'entre eux, selon les chiffres officiels.

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