Coronavirus: dix millions de cas aux États-Unis, la perspective d’un vaccin se dessine
Par AlAhed avec AFP
Les Etats-Unis, qui ont franchi ce lundi 9 novembre la barre des 10 millions de cas détectés de contamination au coronavirus, ont estimé lundi qu'ils pourraient avoir un vaccin autorisé contre le Covid-19 d'ici quelques semaines, après l'annonce par le groupe pharmaceutique Pfizer que son vaccin réduisait de 90 % le risque de tomber malade du virus, mais le reste du monde devra encore attendre des mois.
Vaccin de Pfizer efficace à 90%
Selon Pfizer et son partenaire allemand BioNTech, leur vaccin, pris en deux doses espacées de trois semaines, est «efficace à 90 %», d'après des résultats préliminaires d'un essai à grande échelle encore en cours et qui n'ont pas été détaillés. C'est-à-dire qu'il a réduit de 90 % le risque de tomber malade dans le groupe vacciné, par rapport au groupe placebo.
Pour les Américains, qui ont précommandé 100 millions de doses, cela signifie que les premières vaccinations pourraient commencer avant la fin de l'année, à condition que l'innocuité soit confirmée, d'ici la semaine prochaine. Pfizer a alors prévu de déposer une demande d'autorisation à l'Agence américaine des médicaments (FDA), qui devra trancher si le vaccin est sûr et efficace.
La distribution ne serait plus qu'une question de «semaines», a assuré sur Fox News Alex Azar, secrétaire à la Santé de Donald Trump, président qui a fait du développement des vaccins le socle de sa réponse à la crise sanitaire.
Dans l'Union européenne, qui a préacheté 200 millions de doses et négocie pour 100 millions d'autres, le vaccin pourrait être disponible «début 2021», selon une source européenne.
D'autres pays --Japon, Canada, Royaume-Uni...-- ont également passé commande auprès de Pfizer, et la demande initiale est assurée de dépasser l'offre, Pfizer prévoyant de pouvoir fabriquer 50 millions de doses en 2020 et 1,3 milliard l'an prochain.
Les ONG s'inquiètent depuis des mois de la monopolisation des doses par les pays riches, ainsi que du prix auquel Pfizer vendra le vaccin. «Le vaccin sera efficace à 0 % pour les personnes qui n'ont pas les moyens d'y accéder ou de se le permettre», a réagi Robin Guittard, porte-parole d'Oxfam France.
Le président américain Donald Trump a salué une «excellente nouvelle». Joe Biden, qui le remplacera à la Maison Blanche le 20 janvier, a évoqué un signe d'«espoir», tout en prévenant que la «bataille» était encore loin d'être gagnée. En attendant, il a imploré les Américains de porter le masque, qui n'est «pas une posture politique».
L'OMS appelle à ne pas fermer les yeux
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a pour sa part jugé l'annonce «encourageante».
Il a par ailleurs appelé à «ne pas fermer les yeux» face à la pandémie de Covid-19 et «félicité le président (américain) élu Joe Biden et la vice-présidente élue Kamala Harris» lors de l'assemblée générale annuelle de l'OMS.
La communauté internationale doit retrouver «d'urgence le sens du bien commun», a martelé Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Joe Biden, qui a annoncé la mise en place dès lundi d'une cellule de crise aux États-Unis, a assuré de sa volonté de rejoindre l'OMS, prenant le contre-pied de l'actuel président Donald Trump.
Tests d'un vaccin suspendus au Brésil
On ignore encore si le vaccin confère une immunité longue. Mais l'annonce a immédiatement provoqué une vague d'espoir et un bond des Bourses mondiales, dix mois seulement après le séquençage du coronavirus, une prouesse scientifique.
Surtout qu'un autre vaccin expérimental, développé par la société américaine Moderna et dont on attend les résultats dans les prochaines semaines, utilise la même technologie nouvelle, à base d'ARN messager.
Et le monde attend aussi les résultats d'un autre vaccin très avancé, développé par AstraZeneca et l'université d'Oxford.
Le candidat vaccin CoronaVac du laboratoire chinois Sinovac Biotech, lui, a en revanche connu un coup d'arrêt: l'autorité sanitaire du Brésil a annoncé dans la nuit de lundi à mardi en avoir suspendu les essais cliniques après «un incident grave» constaté chez un volontaire, sans autre détail.
Dix millions de cas aux États-Unis
Les États-Unis ont franchi ce lundi 9 novembre la barre des 10 millions de cas détectés de contamination au coronavirus depuis le début de la pandémie, selon le comptage de l'université Johns Hopkins, qui fait référence.
Il n'aura fallu que dix jours au pays, le plus endeuillé au monde par le Covid-19, pour passer de 9 à 10 millions de cas confirmés après avoir enregistré la semaine dernière plusieurs records de nouvelles infections journalières.
La maladie a entraîné la mort de 238.053 personnes dans le pays.
Deux nouveaux cas ont par ailleurs été diagnostiqués à la Maison Blanche parmi lesquels le ministre du Logement et du développement urbain, Ben Carson.
Plus de 50 millions de cas dans le monde
Au total 50.376.020 cas, dont 1.255.803 décès, ont été officiellement détectés dans le monde depuis le début de la pandémie, selon un bilan établi lundi par l'AFP à partir de sources officielles.
Après les États-Unis, les pays les plus touchés sont le Brésil (162.628 morts), l'Inde (126.611), le Mexique (95.027) et le Royaume-Uni (49.044).
Divers niveaux de confinements en Europe
En Europe, où plus de 12,7 millions de cas ont été enregistrés, le Portugal est entré lundi en état d'urgence sanitaire, assorti d'un couvre-feu dans la majeure partie du pays.
«Ce n'est pas la peine de croire que nous pourrons faire face à cette pandémie sans douleur», a reconnu le Premier ministre socialiste Antonio Costa, alors que le bilan quotidien a pour la première fois dépassé la barre des 60 morts.
La plupart de l'Europe est ainsi soumise à divers niveaux de confinements ou de couvre-feux.
La Roumanie a aussi adopté un couvre-feu nocturne, de même que le port obligatoire du masque en extérieur et l'interdiction des fêtes publiques et privées, qui entrent en vigueur lundi dans ce pays approchant le seuil des 10.000 nouveaux cas par jour.
En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a annoncé un confinement partiel à partir de mercredi. Les rassemblements vont être interdits, les restaurants fermés, les événements culturels et de loisirs annulés et le couvre-feu étendu de 20h00 à 05h00.
Record de contaminations en Russie
En France, la deuxième vague progresse toujours mais moins vite, un premier signe encourageant, notamment en région parisienne, dix jours après le début du reconfinement. Mais la tension dans les hôpitaux reste critique, alors que le pays a dépassé samedi la barre des 40.000 décès liés au Covid-19.
En Italie, la situation épidémique est «largement hors de contrôle», ont jugé des médecins, qui demandent au gouvernement de décréter sans délai un «confinement total».
La Russie a, elle, enregistré lundi un nouveau record de contaminations quotidiennes, Moscou dépassant notamment pour la première fois le pic du mois de mai. Les autorités russes ont cependant jusqu'ici exclu tout nouveau confinement d'ampleur.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté été testé positif au coronavirus, a annoncé son service de presse, précisant que le chef de l'Etat se sentait bien.
En Tunisie, le pays nord africain va appliquer davantage de contrôles sur le port du masque et des tests pour les touristes étrangers afin d'éviter un nouveau confinement malgré un pic de contaminations et une grave crise économique.
«Confinement» mot de l'année au Royaume-Uni
Le mot «confinement» a été désigné mot de l'année 2020 par le groupe éditant le dictionnaire anglais Collins, alors que la liste de mots les plus utilisés contient également «coronavirus», «social distancing» («distanciation sociale») ou «self isolate» («auto-confinement»).