Attentat terroriste à Vienne: au moins 4 morts, un assaillant tué, un autre en fuite
Par AlAhed avec AFP
Une chasse à l'homme a été lancée dans la nuit de lundi 2 à mardi 3 novembre à Vienne après l'attentat qui a fait, selon l'agence de presse Reuters et les médias autrichiens, au moins quatre morts. Un assaillant a été abattu par la police tandis qu'un autre était toujours recherché vers 5h par plus de 250 membres des forces spéciales. «Au moins un suspect se trouve en fuite», a déclaré le ministre autrichien de l'Intérieur, Karl Nehammer.
Selon le quotidien allemand Bild, l'auteur principal de l'attaque, tué par les forces de l'ordre, serait un membre de l'organisation terroriste «Daech» qui aurait annoncé l'action lundi 2 novembre sur Instagram. Alors que le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Harald Sörös, avait initialement réagi avec prudence à l'information de Bild, soulignant que le gouvernement ne pouvait «pas confirmer cela pour le moment», lors de la conférence de presse ce mardi matin à 6h00, le ministre autrichien de l'Intérieur Karl Nehammer a annoncé que Vienne avait subi lundi soir «une attaque perpétrée par au moins un terroriste», ajoutant que l'assaillant était un sympathisant de «Daech».
Le maire de Vienne, Michael Ludwig, a apporté des précisions. Commentant des rumeurs selon lesquelles l'un des suspects portait une veste explosive, il a indiqué qu'«il semble que la veste était fausse». Il a précisé que des substances contenues par cette veste étaient en cours d'analyse. Le maire a déclaré que cet assaillant était équipé d'une arme longue, d'une autre arme à feu et d'une machette. «Il s'était très bien préparé pour cette attaque», a-t-il commenté.
Un assaillant toujours en fuite
Les tirs ont éclaté en début de soirée, à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un reconfinement de l'Autriche pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Le drame s'est déroulé en plein cœur de la capitale autrichienne, près d'une importante synagogue et de l'Opéra. Peu de temps après l'attaque, les spectateurs de l'Opéra ont quitté sous escorte la représentation à laquelle ils assistaient, la dernière avant le confinement. «À ce stade, il n'est pas possible de dire si la synagogue» était la cible des tireurs, a déclaré Oskar Deutsch, le président de «la communauté israélite de Vienne» (IKG).
En tout, «six lieux différents» ont été visés par les tirs, selon la police. Des témoins ont raconté avoir vu un homme tirer «comme un fou» avec une arme automatique. «On aurait dit des pétards, puis on a réalisé qu'il s'agissait de coups de feu», a expliqué l'un d'eux sur la chaîne de télévision publique ORF. Un témoin interrogé à la télévision a dit avoir vu «une personne courir avec une arme automatique», un autre faisant état d'«au moins 50 coups de feu».
La stupeur s'est aussitôt installée dans les restaurants et les bars du quartier, où les clients ont été priés de rester à l'intérieur, lumières éteintes, pendant que les sirènes des ambulances hurlaient à l'extérieur. Hélicoptères survolant les lieux, cordons de police, contrôles aux frontières, soldats et policiers mobilisés pour retrouver l'assaillant en fuite: la ville de Vienne s'est rapidement muée en zone retranchée, tandis que le chancelier Kurz condamnait «une attaque terroriste répugnante».
«Restez chez vous!»
Selon le bilan des médias autrichiens lundi matin, quatre personnes ont été tuées dans l'attaque et un des assaillants a été abattu par la police, intervenue rapidement sur les lieux. La première victime est un passant, la deuxième une femme décédée des suites de ses blessures, la troisième est un policier, et la quatrième une femme, selon des déclarations à ORF du maire de Vienne, qui a aussi fait état de 15 personnes hospitalisées, dont sept dans un état grave.
Le ministre de l'Intérieur a appelé les habitants à être prudents et à rester chez eux. «Restez à la maison! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part! Restez loin des lieux publics, n'utilisez pas les transports!», a lancé la police sur son compte Twitter. Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d'école ce mardi 3 novembre. «Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens», a affirmé le chancelier Kurz.
«Un acte lâche»
L'attentat a suscité de nombreuses condamnations à travers le monde. «Ces attaques du mal contre des innocents doivent s'arrêter, a déclaré le président américain Donald Trump. Les États-Unis se tiennent aux côtés de l'Autriche, de la France, et de l'Europe tout entière dans le combat contre les terroristes».
L'Union européenne a condamné «avec force» cette «horrible attaque», selon les mots sur Twitter du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant «un acte lâche» qui «viole la vie et nos valeurs humaines». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter: «L'Europe est totalement solidaire de l'Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur».
«Nous, Français, partageons le choc et la peine du peuple autrichien (...). Après la France, c'est un pays ami qui est attaqué. C'est notre Europe. Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien», a tweeté le chef de l'État en français puis en allemand. L'Élysée a précisé qu'Emmanuel Macron s'était entretenu dans la soirée avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz, à qui il a «exprimé sa totale solidarité, son soutien et proposé l'aide de la France si nécessaire».
L'Allemagne a aussi fait part de sa solidarité - la chancelière Angela Merkel a condamné l'attentat meurtrier survenu à Vienne, affirmant sur Twitter que le terrorisme est «notre ennemi commun» et que lutter contre lui est «notre combat commun».
Climat tendu en Europe
Cet attentat, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe. En France, trois personnes ont été tuées jeudi 29 octobre dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice par un jeune Tunisien récemment arrivé en Europe. Quelques jours auparavant, la décapitation de Samuel Paty, professeur d'histoire qui avait montré des caricatures du prophète Mohammad (PSL) à ses élèves, avait choqué, en France et au-delà.
L'Autriche avait été jusqu'ici été relativement épargnée par la vague d'attentats extrémistes survenue en Europe ces dernières années. En mars 2018, un jeune homme, sympathisant extrémiste, selon la police, avait attaqué au couteau un membre des forces de l'ordre devant l'ambassade d'Iran à Vienne avant d'être abattu. En juin 2017, un homme né en Tunisie avait tué un couple âgé à Linz. Il avait déclaré avoir voulu faire un exemple car il se sentait «discriminé en tant qu'étranger et musulman».