Après les crues, le début d’une «difficile» reconstruction dans les Alpes-Maritimes
Par AlAhed avec AFP
Atout majeur de la Côte d'Azur avec le bord de mer, les montagnes près de Nice et de Menton se préparent à une «longue et difficile» reconstruction, une semaine après les crues dévastatrices «hors normes» qui ont fait au moins six morts.
Neuf personnes sont toujours portées disparues et 13 autres «supposées disparues», selon les pompiers des Alpes-Maritimes.
Des levées de doutes sont aussi en cours pour des centaines de signalements, selon Charles-Ange Ginesy, président du Conseil départemental, dont les élus se sont réunis vendredi en session extraordinaire.
Une minute de silence a été observée à la mémoire du capitaine de sapeurs-pompiers Bruno Kohlhuber, 49 ans, dont le corps a été identifié jeudi. Il a été emporté par les eaux aux premières heures de la catastrophe avec un jeune pompier volontaire Loïc Millo.
L’électricité rétablie quasiment partout
L'heure est toujours aux urgences, avec des rotations d'hélicoptères incessantes vers les vallées de la Vésubie et de la Roya, les plus touchées, pour ravitailler les sinistrés. Mais un chantier colossal a déjà commencé pour rebâtir.
Outre les routes, les réseaux d'eau et d'électricité ont été gravement endommagés.
Avec des installations provisoires, Enedis a annoncé vendredi que la quasi-totalité des foyers a de nouveau du courant.
En quelques heures, un déluge d'eau équivalent à la pluviométrie de la moitié de l'année 2019 s'est abattu le 2 octobre sur le département et des infrastructures vitales sont aujourd’hui anéanties, comme après un bombardement.
Un milliard d'euros de dégâts estimés
«La reconstruction sera longue et difficile», a déploré Charles-Ange Ginesy avant le vote d'une enveloppe de 17 millions d'euros, et une décision d'engagement d'emprunt en 2020 et 2021 pour un montant total de 200 millions d'euros.
Un début comparé au milliard d'euros de dégâts matériels estimé par certains élus, davantage selon d'autres.
En visite mercredi, le président Emmanuel Macron a promis que l'État mettrait «à coup sûr plusieurs centaines de millions d'euros» pour la reconstruction.
La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a promis 50 millions d'euros d'aides.
«Devant la répétition à un rythme de plus en plus rapide des phénomènes climatiques violents, qui impactent notre département, est-ce d'ailleurs de reconstruction qu'il faut parler ou plutôt de refondation?», a interrogé un des rares élus de gauche du département, le communiste Francis Tujagues.
Dans la Roya, au nord de Menton, la route panoramique franco-italienne «n'est plus qu'un amas de gravats», selon Carles-Ange Ginesy.
Au nord de Nice, la Vésubie, surnommée «la petite Suisse niçoise», a 80 maisons détruites ou endommagées, dont des villas à colombages datant d'avant 1914.
Au milieu du village de Saint-Martin-Vésubie s'est formée une immense crevasse.
«En trente ans de carrière d'assureur, je n'ai jamais vu un événement naturel d'une intensité aussi incroyable, capable de transformer une rivière en un tel cratère», indique à l'AFP Jacques de Peretti, PDG d'Axa France, venu sur place vendredi.
Axa débloque un fonds de solidarité
Seul assureur de la commune, l'agence ne désemplit pas. «Des gens ont dû partir très vite et n'ont plus rien. J'ai croisé une dame me disant ''ce pantalon que je porte n'est pas le mien''. Une autre m'a conduit à l'emplacement de sa maison et il ne reste qu'un arbre. Le relogement sera long (...)», ajoute Jacques de Peretti.
Axa a débloqué «un fonds de solidarité d'un million d'euros minimum», annonce des avances de 5.000 euros aux particuliers ayant notamment perdu leur domicile et l'extension du relogement d'urgence de sept jours à six mois.
Côté SNCF, la réparation de l'étonnante voie ferrée montant vers Tende, dernière localité avant l'Italie, sera longue.
La gare des villages de Fontan et Saorge a été rétablie pour un service voyageurs au ralenti deux fois par jour. Et le village de Saint-Dalmas-de-Tende, à 3 km de Tende, sera desservi à partir du 19 octobre, annonce la région ce vendredi.
Éboulements, parois fissurées, fondations d'ouvrages fragilisées: il est toutefois «beaucoup trop tôt pour dire» quand la voie reliera à nouveau l'Italie, selon SNCF Réseau.
Pour désenclaver Tende, sans accès routier, les cheminots espèrent rétablir une liaison via le Piémont, parallèlement à des efforts pour ouvrir des pistes praticables en quads et 4x4 vers Limone, station de l'autre côté de la frontière, dans une Italie également meurtrie par les intempéries, avec deux morts et des dégâts matériels.