L’Unicef dénonce la stigmatisation des mineurs isolés étrangers
Par AFP
L'agence de l'ONU pour l'enfance, l'Unicef, a dénoncé jeudi la stigmatisation des mineurs isolés étrangers en France, dont le sort et la prise en charge font l'objet d'une vive polémique depuis l'attaque au hachoir perpétrée vendredi dernier devant les ex-locaux de Charlie Hebdo.
L'auteur présumé de l'attaque, un jeune ressortissant pakistanais de 25 ans mis en examen et écroué pour «tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste», était initialement connu sous une identité lui donnant 18 ans et venait tout juste de sortir d'une prise en charge de près de trois ans par l'Aide sociale à l'enfance comme «mineur non accompagné».
«Des situations ou des cas problématiques devenus médiatiques ne doivent pas être utilisés pour généraliser le propos et stigmatiser les mineurs non accompagnés», s'inquiète jeudi l'Unicef. Après l'attaque de la semaine dernière, de nombreuses voix à droite et à l'extrême droite ont réclamé un tour de vis sur l'accès à ce statut très protecteur ou, comme la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, que ces jeunes soient «rapatriés dans leur pays d'origine».
«Nous sommes particulièrement inquiets de la montée de tels propos à l'égard d'enfants particulièrement vulnérables et fragilisés. Nous devons réagir de manière responsable pour garantir la protection à laquelle ils ont droit», affirme Sébastien Lyon, le directeur général de l'Unicef en France. «Les mineurs non accompagnés sont avant tout des enfants qui ont droit à une protection, quelle que soit leur origine», insiste l'Unicef.
Selon une estimation de l'Assemblée des départements de France, environ 40.000 mineurs isolés étrangers sont actuellement pris en charge au titre de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Pour l'année 2019, plus de 16.000 mineurs ont été confiés à l'ASE par décision de justice.