Le Hezbollah félicite les deux ex-ministres sanctionnés par le Trésor US
Par Al-Manar
Le Hezbollah a félicité les deux ex-ministres récemment sanctionnés par Washington. L’un d’entre eux appartient au mouvement Amal, le second au courant Maradas, tous les deux proches du Hezbollah.
«De point de vue moral, cette décision injuste est une médaille d’honneur pour les deux chers amis et pour tous ceux que l’administration américaine accuse d’être résistants ou de soutenir la résistance», a déclaré le Hezbollah dans un communiqué publié ce 9 août.
Les Etats-Unis ont imposé mardi 8 août des sanctions contre Youssef Fenianos et Ali Hassan Khalil, pour «corruption» et soutien au Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par Washington.
«L’administration américaine est un pouvoir terroriste qui sème les destructions partout dans le monde. Elle est le parrain du terrorisme sioniste et du terrorisme takfiriste et elle n’a pas le droit de classifier les gens honnêtes et les résistants et de les taxer de terrorisme», a poursuivi le texte du Hezbollah. Selon lui, la politique de sanctions ne parviendra pas à réaliser ses objectifs et ne fera pas plier les Libanais ni ne les obligera à renoncer à leurs droits nationaux et souverains.
Pour le mouvement Amal, présidé par le chef de la Chambre Nabih Berri, la décision du trésor américain d’imposer des sanctions à l’ex-ministre des Finances Ali Hassan Khalil (2014-2019) ne vise pas sa personne mais le Liban, sa souveraineté, et le parti politique auquel il appartient.
Dans un communiqué, il a souligné qu’il ne changera pas pour autant ses convictions et ses constantes nationales.
«Nos frontières et nos droits souverains en terre et en mer nous les voulons en entier, nous ne les concèderons jamais, quel que soient l’ampleur des sanctions et des pressions exercées», -a-t-il assuré, révélant qu’un accord pour le tracé des frontières maritimes au sud-Liban avait été finalisé avec les Etats-Unis qui refusent toutefois de l’annoncer, «sans aucune raison».
Ce tracé avait dans un premier moment fait l’objet d’un désaccord avec les Etats-Unis dans la zone limitrophe avec les eaux territoriales de la Palestine occupée, Washington insistant pour faire valoir la démarcation de la ligne Hoff, du nom du médiateur américain qui s’était déjà saisi du dossier en 2011. Celui-ci voulait accorder 560 kilomètres carrés au Liban et le solde à «Tel Aviv» sur plus les 800 kilomètres carrés que le Liban revendique totalement.
Chez le courant Maradas aussi, la décision américaine a été accueillie avec désinvolture.
Selon son chef, l’ex-ministre Sleimane Frangiyeh, les sanctions contre Youssef Fenianos qui a été ministre des Transports et des Travaux publics en 2016 et 2020 sont «une décision politique qui ne pourra pas nuire au courant, mais l’attachera plus fermement à sa voie».
«C’est un châtiment qui nous est infligé pour nos positions, nos convictions… Nous en tant que Marada n’avons jamais eu honte de nos politiques et nos choix», a assuré M. Frangiyeh.
Selon l’AFP, compte tenu de ces sanctions, les éventuels avoirs des deux responsables libanais aux Etats-Unis seront gelés et l’accès au système financier américain leur est bloqué.
Dans un tweet, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo les a décrits comme «deux anciens ministres libanais corrompus qui ont abusé de leur position pour apporter un soutien matériel au Hezbollah».
«Il est temps de changer la politique au Liban», a dit à des journalistes son adjoint pour le Moyen-Orient David Schenker.
«C’est un avertissement à ceux qui coopèrent avec le Hezbollah, à ceux qui lui permettent d’exister, mais aussi aux dirigeants politiques du Liban qui ne jugent pas nécessaire de répondre aux besoins des gens et qui ne combattent pas la corruption», a-t-il ajouté.
Selon des observateurs libanais, l’administration américaine surfe sur les revendications légitimes des Libanais alors que le Liban traverse une crise économique inédite, pour servir leur agenda de soumettre le pays à leur diktat et y affaiblir l’axe de la résistance contre Israël.