Libye: le ministre de l’Intérieur rétabli dans ses fonctions
Par AlAhed avec AFP
Le ministre de l'Intérieur du «Gouvernement libyen d'union nationale» (GNA) a retrouvé jeudi ses fonctions après avoir été suspendu provisoirement par le Premier ministre pour une enquête sur ses déclarations à la suite d'incidents survenus lors de manifestations à Tripoli.
Un décret signé par Fayez al-Sarraj, chef du GNA, «lève la mesure de suspension provisoire de M. Fathi Bachagha, ministre de l'Intérieur, et le rétablit dans ses fonctions à compter de cette date (jeudi)».
Le décret, publié sur la page Facebook du GNA, ne fait pas mention de l'enquête ou de ses conclusions.
Selon des vidéos et photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, M. Bachagha est arrivé à la mi-journée au siège du gouvernement à Tripoli, accompagné d'une forte présence policière, pour son audition qui s'est déroulée à huis clos contrairement à ce qu'il avait exigé.
Le 23 août, M. Bachagha avait été «suspendu provisoirement» par M. Sarraj en attendant une «enquête administrative sur ses déclarations concernant les manifestations et les incidents survenus à Tripoli et dans d'autres villes».
Le ministre avait «pris acte» de sa suspension mais avait demandé à ce que son audition soit «publique et retransmise en directe» par les médias pour qu'il puisse «exposer les faits» aux Libyens, par souci de «transparence et des principes démocratiques».
Il y a près de deux semaines, des centaines de Libyens ont manifesté pendant plusieurs jours à Tripoli, siège du GNA --reconnu par l'ONU et qui s'oppose au maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est.
Ils protestaient contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie, privés des services les plus basiques et épuisés par des années de conflits depuis la fin de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011.
A plusieurs reprises, des hommes armés ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants, blessant plusieurs d'entre eux tandis que d'autres ont été arrêtés, des incidents que M. Bachagha avait dénoncés.
Le ministre avait alors accusé des groupes armés d'avoir «enlevé et séquestré» des manifestants pacifiques, les menaçant de «recourir à la force pour protéger les civils».
En visite en Turquie, allié politique et militaire du GNA face aux pro-Haftar --soutenus eux par l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie Saoudite et la Russie-- lorsque sa suspension avait été annoncée, M. Bachagha était rentré le lendemain à Tripoli.