Turquie: Erdogan prie à Sainte-Sophie reconvertie en mosquée
Par AlAhed avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a participé ce vendredi 24 juillet à la première prière musulmane dans l'ex-basilique Sainte-Sophie depuis sa reconversion en mosquée. L'occasion pour ce nostalgique de l'Empire ottoman de s'offrir un coup d'éclat.
La cérémonie a débuté avec la lecture d'un verset du Coran par Erdogan, puis les quatre minarets de Sainte-Sophie ont émis l'appel à la prière qui signale le début du rite.
Aucune prière collective musulmane ne s'y était tenue depuis la transformation de l'édifice en musée en 1934.
Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle et monument le plus visité d'Istanbul, Sainte-Sophie a successivement été une basilique byzantine, une mosquée ottomane et un musée.
Le 10 juillet, Recep Tayyip Erdogan a décidé de rendre l'édifice au culte musulman après une décision de justice révoquant son statut de musée.
Cette mesure a suscité la colère de certains pays, notamment la Grèce qui suit de près le devenir du patrimoine byzantin en Turquie.
Le pape François s'est aussi dit «très affligé» par cette reconversion.
Mais Ankara a rejeté les critiques au nom de la «souveraineté», soulignant que les touristes pourront continuer de visiter cet édifice classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.
Le 97e anniversaire du traité de Lausanne
Deux semaines à peine après cette décision, entre 700 et un millier de fidèles musulmans devaient participer vers midi (heure française) à la prière du vendredi à Sainte-Sophie.
Déjà la foule de plusieurs milliers de personnes se presse aux alentours de la mosquée.
Des dirigeants et responsables de plusieurs pays majoritairement musulmans, comme le Qatar et l'Azerbaïdjan, ont également été invités, selon la presse turque.
Pour nombre d'observateurs, la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée par Erdogan vise à galvaniser sa base électorale conservatrice et nationaliste dans un contexte de difficultés économiques aggravées par la pandémie.
En prenant cette décision, le chef de l'État s'attaque aussi à l'héritage du fondateur de la République, Mustafa Kemal, qui avait transformé Sainte-Sophie en musée en 1934 pour en faire l'emblème d'une Turquie laïque.
Comme un symbole, Erdogan a d'ailleurs choisi pour la première prière le jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne et que le président, nostalgique de l'Empire ottoman, appelle souvent à réviser.