L’Allemagne préside l’Union européenne pour six mois à partir du 1er juillet
Par AlAhed avec Belga
Le 1er juillet, la présidence du Conseil de l'Union européenne change de mains. Les Croates, dont la présidence a été balayée par la pandémie, passent le flambeau aux Allemands pour six mois. Place donc à Angela Merkel, qui a déjà annoncé qu'elle quitterait bientôt la politique, et ses ministres.
Le coronavirus, toujours bien présent en Europe malgré le déconfinement, a fortement perturbé les six mois lors desquels les réunions entre ministres des États membres et les contacts diplomatiques pour préparer les sommets européens ont été gérés par Zagreb. Il a fallu réorganiser une bonne partie du calendrier, déménager nombre de discussions vers le purement virtuel, etc.
Plan de relance
«Le défi logistique se poursuivra pour la présidence allemande», pointe une source officielle, qui rappelle qu'il y a eu «près de 1.200 réunions physiques des différents groupes de travail lors de la présidence finlandaise» de début 2019. «Cela veut aussi dire qu'il va falloir se concentrer sur les priorités».
Justement, le contenu a lui aussi grandement été chamboulé par la pandémie, qui a mis l'économie européenne un genou à terre. Pour la relever, sans créer de distorsions trop importantes, la Commission a proposé en mai un nouveau cadre budgétaire 2021-2027, repensé pour l'après-corona, ainsi qu'un instrument de relance à 750 milliards d'euros censé soutenir financièrement les États dans les premières années.
L'attitude de l'Allemagne sur ce dossier, aux côtés de la France, avait permis de passer un obstacle qui paraissait insurmontable pour Berlin jusqu'il y a peu: l'idée de contracter une dette commune au niveau de l'Union. Angela Merkel et Emmanuel Macron avaient publiquement fait un gigantesque pas en ce sens en proposant un fonds de relance imaginé par les deux pays, et intégrant cet élément, le 18 mai dernier.
L'instrument de relance mis sur la table par la Commission, qui reprend cette idée, ainsi que son plan de budget à long terme, doivent encore être négociés et approuvés par les États membres, un travail qui se poursuivra lors du sommet des 17-18 juillet.
Une présidence à réinventer
Dans un premier temps, le «crisis management» immédiat et la relance seront les priorités «qui s'imposent», confirme la source. C'est ce que l'on peut comprendre sous le slogan choisi pour cette présidence, «Together for Europe's recovery» («ensemble pour la relance de l'Europe»), une devise qui initialement devait plutôt porter des accents d'Europe «sociale», entend-on. Juste après la pause estivale, c'est «la future relation avec le Royaume-Uni» qui prendra le dessus. Là aussi, il s'agit plutôt d'un sujet qui «s'impose» par la force des choses: les négociations post-Brexit n'avancent pas, Londres refuse une prolongation, il faudrait donc boucler un accord pour la fin octobre, selon les avertissements de Michel Barnier.
Les autres priorités de cette présidence forcée de se réinventer avant même d'avoir commencé viendront ensuite, si le temps le permet: on cite bien sûr l'Europe «sociale», puis le climat, la digitalisation, la migration, l'État de droit, mais aussi les Affaires étrangères.
Sur ce dernier point, le report du sommet UE-Chine qui avait été prévu à Leizpig en septembre est amèrement regretté. Si la pandémie est avancée comme raison officielle de ce report, on sait que la Chine n'est pas aussi impatiente que l'UE de conclure l'accord d'investissement visé.
Dans tous les cas, Angela Merkel, même sans grandes envolées verbales, est «une Européenne dévouée», qui ne lésine et ne lésinera pas sur l'énergie à consacrer au niveau européen, assure-t-on en coulisses.