Algérie: un rassemblement pro-«Hirak» empêché par la police, 12 interpellations
Par AlAhed avec AFP
Près de 20 personnes ont été interpellées vendredi par la police à Béjaïa (nord-est de l'Algérie) lors d'une tentative de rassemblement pour soutenir les détenus du mouvement de protestation populaire («Hirak»), ont indiqué des ONG de défense des droits de l'Homme et de prisonniers.
Deux des manifestants, Merzoug Touati et Yanis Adjila, étaient en garde à vue vendredi soir au commissariat central de Béjaïa.
Ils seront présentés dimanche devant le procureur du tribunal de Béjaïa, a indiqué à l'AFP Kaci Tansaout, le porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien.
Militant connu du mouvement contestataire, ancien détenu, Merzoug Touati est un blogueur et journaliste du média de gauche L'Avant-Garde Algérie, un site en ligne bloqué dans ce pays. Yanis Adjila est un militant des droits de l'Homme.
Matraques
Répondant à des appels lancés sur les réseaux sociaux pour manifester devant la maison de la Culture de Béjaïa, une grande ville de Kabylie, des manifestants s'étaient rendus sur les lieux qui étaient déjà encerclés par la police, a expliqué à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).
Des images vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers pourchassant à coups de matraques quelques dizaines de manifestants. Les vidéos n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP.
Toute forme de rassemblement --politique, religieux, culturel ou sportif-- est strictement interdite depuis mi-mars en Algérie en raison de la pandémie du nouveau coronavirus.
Reprise des mobilisations sporadiques
Après plus d'un an de mobilisation, des figures et les organisations proches du «Hirak» avaient appelé d'elles-mêmes à suspendre «temporairement» les marches et les rassemblements tant que sévirait la pandémie.
Ce qui n'a pas empêché des mobilisations sporadiques de reprendre ces dernières semaines dans tout le pays, notamment en Kabylie, relayées par les réseaux sociaux.
Les médias ont fait état cette semaine d'une petite marche de protestation pro-«Hirak» à M'Chedallah, près de Bouira, à une centaine de km au sud-est d'Alger.
Ces manifestations réclament l'arrêt des poursuites judiciaires et la libération des militants de la contestation.
Une soixantaine de détenus d'opinion
Selon le dernier bilan du CNLD, une soixantaine de détenus d'opinion sont actuellement incarcérés, la plupart pour des publications sur Facebook.
Depuis le début de l'épidémie début mars et l'arrêt forcé des marches du «Hirak», les organisations de défense des droits humains dénoncent la répression qui s'abat, malgré les risques sanitaires, contre les opposants politiques, des journalistes et médias indépendants mais aussi contre de jeunes internautes qui postent leurs opinions sur Facebook.
Dans l'autre camp, prenant la défense du régime, plusieurs universitaires se sont récemment exprimés dans des médias officiels pour fustiger un «néo-Hirak» qu'ils accusent d'être «au service d'un plan étranger».
Né d'un immense ras-le-bol des Algériens, le «Hirak» réclame un changement du «système» en place depuis l'indépendance du pays en 1962. Vain, jusqu'à présent, même s'il a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans de règne.