Mouvement antiraciste aux USA: Pelosi appelle au retrait de statues de chefs confédérés...Celles de Christophe Colomb attaquées
Par AlAhed avec agences
Donald Trump a rejeté mercredi l'idée de renommer les bases militaires américaines qui portent les noms de chefs des États confédérés, alors que l'opposition démocrate a appelé au retrait au Capitole des statues représentant des figures pro-esclavage lors de la Guerre de Sécession, dans la foulée du mouvement antiraciste qui a attaqué des statues de Christophe Colomb à Boston, à Miami et en Virginie.
Tandis que la population américaine prend davantage conscience des problèmes ethniques dans le pays à la suite du décès de George Floyd lors de son interpellation par la police de Minneapolis le mois dernier, Donald Trump a exprimé sur Twitter sa volonté de conserver les noms de généraux de la Confédération que portent dix bases militaires américaines.
Le président américain a souligné que ces bases faisaient partie de «l'immense héritage américain» et indiqué que son administration n'envisagerait pas de renommer ces installations.
Cette annonce de Donald Trump vient mettre fin à l'ouverture affichée par des représentants du Pentagone, dont le secrétaire à la Guerre Mark Esper, sur cette question apparue comme un moyen d'œuvrer à la réconciliation raciale.
«Leurs statues rendent hommage à la haine»
La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a appelé dans la journée le Congrès à prendre des mesures pour retirer du Capitole les 11 statues représentants des chefs militaires et des soldats de la Confédération.
«Leurs statues rendent hommage à la haine, pas à l'héritage. Elles doivent être retirées», a-t-elle écrit dans une lettre adressée aux membres de la commission en charge de la gestion des statues érigées au Capitole.
La question de l'esclavage des afro-américains a scindé en deux les États-Unis lorsque les États du Sud ont fait sécession pour former les États confédérés (ou «Confédération») afin de préserver l'esclavage. Une guerre civile a éclaté, remportée par les États du nord qui ont restauré l'Union.
Toutes les bases militaires portant les noms de chefs de la Confédération se trouvent dans des États du sud, dont la plupart ont aidé Donald Trump à accéder à la présidence en 2016 et sur lesquels l'actuel locataire de la Maison blanche compte pour être réélu en novembre prochain.
Des statues de Christophe Colomb attaquées
Dans le même contexte, le découvreur de l'Amérique est à son tour dans le viseur du mouvement Black Lives Matter: des statues de Christophe Colomb ont été attaquées à Boston, à Miami et en Virginie.
Une statue de Christophe Colomb a été décapitée à Boston, une autre vandalisée à Miami et une troisième jetée dans un lac en Virginie, dans la foulée du mouvement antiraciste relancé aux Etats-Unis par la mort de George Floyd.
À Boston, une enquête est en cours mais aucune arrestation n'a été faite à ce stade, a précisé un porte-parole de la police locale à l'AFP. La statue à l'honneur de l'explorateur italien est juchée sur une stèle dans le parc Christophe Colomb, au cœur de cette ville de Nouvelle-Angleterre. Elle a déjà été vandalisée, l'image de Christophe Colomb étant contestée aux États-Unis depuis plusieurs années.
Figure du génocide amérindien
Le navigateur génois, longtemps présenté comme le «découvreur de l'Amérique», est désormais souvent considéré comme une des figures du génocide des Amérindiens et des indigènes en général. Et dénoncé au même titre que les esclavagistes ou les généraux confédérés pendant la guerre de Sécession.
Des dizaines de villes américaines ont remplacé la célébration en octobre de «Columbus Day» - devenu jour férié fédéral en 1937 - par une journée d'hommage aux «peuples indigènes». Mais pas Boston ni New York, aux fortes communautés d'origine italienne auxquelles cette journée rend hommage.
«Tous comme les Noirs de ce pays, les indigènes ont été maltraités»
«Je trouve que c'est bien de capitaliser» sur la vague de manifestations contre le racisme qui secouent actuellement le pays, a indiqué mercredi à l'AFP une joggeuse qui passait devant le monument abîmé à Boston. «Tous comme les Noirs de ce pays, les indigènes ont été maltraités. Ce mouvement est puissant et (la décapitation) est très symbolique».
À Miami, en Floride, une statue de Christophe Colomb située dans un parc a été vandalisée avec de la peinture rouge et des inscriptions comme «Black Lives Matter» («Les vies noires comptent») ou «George Floyd», avant que la police ne procède à plusieurs arrestations, selon le quotidien local Miami Herald.
Une autre statue de l'explorateur a été abattue mardi soir par des manifestants à l'aide de cordes à Richmond, en Virginie, et traînée jusqu'à un lac voisin dans lequel elle a été jetée.
Ailleurs, des statues de figures coloniales attaquées
Le gouverneur de Virginie - région où se sont installés les premiers colons anglais avant qu'elle ne devienne le cœur de l'Amérique esclavagiste - avait indiqué la semaine dernière vouloir déboulonner au plus vite une autre statue de la ville, celle du commandant en chef de l'armée sudiste, le général Robert E. Lee.
Le maire de Boston, Martin Walsh, a indiqué que la statue située dans sa ville serait enlevée dès mercredi, en attendant une décision définitive sur son sort, selon des médias locaux.
Ce mouvement qui s'attaque aux symboles d'un passé esclavagiste et raciste touche d'autres pays, notamment la Grande-Bretagne et la Belgique, où des statues de figures coloniales ont été attaquées ces derniers jours.