France: plusieurs rassemblements contre les violences policières, interdiction à Paris
Par AlAhed avec AFP
Le préfet de police de Paris Didier Lallement a interdit des rassemblements organisés samedi 6 juin contre les violences policières sur l'esplanade du Champ de Mars, après avoir proscrit d'autres actions prévues ailleurs dans la capitale en raison de la crise sanitaire. Toutefois, les organisateurs comptent bien maintenir leur appel à se rassembler.
«Des appels à manifester à 17h00 sur l'Esplanade du Champ de Mars à Paris, le samedi 6 juin 2020, ont été lancés sur les réseaux sociaux sur le thème des 'violences policières', sans aucune déclaration préalable auprès de la préfecture de Police» (PP), écrit le préfet dans un communiqué.
«Ces rassemblements, pouvant rallier de nombreuses personnes, ne sont pas autorisés par le décret du 31 mai 2020 relatif à l'état d'urgence sanitaire, qui proscrit tout rassemblement, dans l'espace public, de plus de dix personnes», poursuit le communiqué.
Des familles de victimes de violences policières réunies en collectif ont invité à «se promener sur le Champ-de-Mars, dans le respect des gestes barrières, pour y prendre une photo devant la Tour Eiffel» avec les hashtags #LaissezNousRespirer, #JusticePourToutesLesVictimes et #PasDeJusticePasDePaix.
Les organisateurs appellent à «amplifier le mouvement international de solidarité contre l'impunité des forces de l'ordre», alors que les rassemblements se multiplient après la mort aux Etats-Unis de George Floyd, un Noir de 46 ans asphyxié par un policier à Minneapolis.
Le préfet de police avait déjà interdit vendredi matin deux rassemblements prévus samedi à partir de 15h00 devant l'ambassade des Etats-Unis en hommage à George Floyd, et qui ont été maintenus par leurs organisateurs.
Des appels à manifester samedi contre les «violences policières» ont également été lancés dans plusieurs villes de France, comme à Bordeaux, Nantes, Limoges, Poitiers, Marseille ou Lille, en dépit de l'interdiction des rassemblements de plus de dix personnes pour cause de crise sanitaire.
Des milliers de manifestants déjà vendredi soir
Vendredi soir, plusieurs milliers de jeunes vêtus de noir se sont rassemblés au coeur de Strasbourg pour rendre hommage à George Floyd, dire non au racisme et dénoncer les violences policières.
Répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, ils étaient 3500 selon la préfecture, de 4 à 5000 selon les organisateurs.
Sur des cartons confectionnés à la hâte et brandis par des dizaines de manifestants, ces mots: «le vrai virus, c'est le racisme», «No justice, no peace» (pas de justice, pas de paix), ou «Stop killing black people» (cessez de tuer des Noirs).
«Black lives matter» (les vies noires comptent) proclamaient aussi de nombreuses pancartes, reprenant le cri de ralliement du mouvement contre les violences racistes aux Etats-Unis.
Pour la plupart masqués, les jeunes de Strasbourg ont d'abord manifesté silencieusement avant que ne retentissent des salves d'applaudissements et que quelques-uns prennent la parole au mégaphone.
Un autre rassemblement s'est tenu vendredi soir à Rouen rassemblant quelque 1500 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime, lors d'une manifestation émaillée de heurts avec la police.
«Les forces de l'ordre ont fait face à des manifestants qui pour certains étaient hostiles. Ces manifestants ont tenté de s'en prendre à des bâtiments de la police nationale», a indiqué la préfecture de Seine-Maritime, précisant qu'il y avait eu 8 interpellations.
«Un droit inaliénable»
Mardi, une manifestation interdite par le préfet de police a rassemblé à Paris au moins 20.000 personnes à l'appel du comité de soutien à la famille d'Adama Traoré, un jeune homme noir mort en 2016 après une interpellation par des gendarmes.
Ce scénario pourrait se réitérer samedi puisque la Ligue de défense noire africaine, à l'initiative des rassemblements devant l'ambassade, a décidé de les maintenir, estimant que «manifester est un droit inaliénable».
Dès vendredi matin, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a estimé que ces nouvelles manifestations «ne devraient pas se tenir».
«Il faut que ces gens qui ont envie de manifester trouvent une autre manière d'exprimer ce besoin-là parce qu'il faut quand même ne pas oublier la situation sanitaire (liée à l'épidémie, ndlr)», a-t-elle souligné au micro de Sud Radio.