Coronavirus: le Brésil menace de sortir de l’OMS, la crise se calme ailleurs
Par AlAhed avec AFP
Le Brésil du président Jair Bolsonaro a menacé vendredi de quitter l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en dépit d'une situation sanitaire qui ne cesse de s'aggraver, à l'opposé de l'Europe et des Etats-Unis où l'épidémie semble enfin marquer le pas.
«Je vous le dis ici, les Etats-Unis sont partis de l'OMS, nous y songeons, à l'avenir», a-t-il déclaré à la presse à Brasilia. «Soit l'OMS travaille sans parti pris idéologique, soit nous la quittons aussi. Nous n'avons pas besoin de gens de l'extérieur pour donner leur sentiment sur la santé ici».
Le géant sud-américain est depuis jeudi le troisième pays avec le plus de morts, avec plus de 34.000 décès répertoriés.
Une «bombe à retardement», selon un médecin infectiologue au Paraguay, frontalier du Brésil. Ce pays a réaffirmé vendredi de rouvrir sa frontière avec un Etat où «la situation est assez chaotique», selon son directeur de la veille sanitaire.
Oxygène «stratégique»
La maladie continue sa propagation dans le reste de l'Amérique latine, mettant sous pression les systèmes de santé.
Face aux graves pénuries d'oxygène nécessaire pour maintenir en vie les patients, le Pérou, pays où la barre des 5.000 morts a été franchie, a déclaré jeudi qu'il était considéré comme une «ressource stratégique».
«Les patients n'ont plus d'oxygène à l'intérieur (de l'hôpital), j'ai dû acheter deux ballons pour que mon père puisse y être transféré», raconte Olga Bravo, 44 ans, à Lima.
Les USA ont «surmonté» la crise
Plus au nord, le président américain Donald Trump a assuré vendredi que les Etats-Unis avaient «largement surmonté» la crise, se basant sur les bons chiffres de l'emploi.
Commentant les chiffres du chômage en mai (13,3%, alors que les plus pessimistes craignaient presque 20%), Donald Trump a vanté la «force» de l'économie américaine. «Cette force nous a permis de surmonter cette horrible pandémie, nous l'avons largement surmontée», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.
En Californie par exemple les tournages de cinéma et de télévision pourront reprendre à compter du 12 juin.
Crise économique durable
En Europe, où les nouvelles hospitalisations sont en chute libre, la Banque centrale européenne a sorti jeudi les grands moyens pour lutter contre la récession et l'endettement public, en doublant presque son fonds de soutien à l'économie et en prolongeant sa durée, signe que les effets de la crise vont durer des années.
Et la reprise progressive de la circulation des personnes se poursuit à l'approche de la saison estivale.
Avant l'Irlande lundi, la levée des restrictions imposées par le coronavirus se poursuit samedi en France, où l'épidémie est désormais «contrôlée», selon les autorités sanitaires.
Lieu emblématique du pays et l'un des plus visités au monde, le château de Versailles, près de Paris, rouvre samedi après plus de 82 jours de confinement. Avec masque obligatoire et nombre de visiteurs limité.
Ailleurs en Europe on veut aussi y croire, et les mesures de déconfinement se multiplient. L'Irlande va ainsi procéder dès lundi à des allégements, avec la réouverture de tous les commerces, hors centres commerciaux, en attendant la fin des restrictions aux déplacements le 29 juin.
Réouverture progressive
La Suisse a décidé de son côté vendredi de rouvrir plus tôt que prévu ses frontières avec tous les pays de l'UE le 15 juin, une mesure réclamée par l'Italie, dont la frontière avec son voisin dans les Alpes devait rester fermée au moins jusqu'au 6 juillet.
La République tchèque a elle aussi décidé de rouvrir ses frontières avec l'Autriche et l'Allemagne, dix jours plus tôt que prévu.
Les ministres européens de l'Intérieur sont convenus vendredi de se coordonner pour une réouverture progressive des frontières extérieures de l'UE européenne et de l'espace Schengen, qui n'est toutefois pas attendue avant le 1er juillet. La décision appartient à chaque Etat membre.
«Pas d'effet bénéfique» pour l'hydroxychloroquine
La prudence reste de mise. Vendredi, l'OMS a publié de nouvelles directives sur le port du masque, qu'elle recommande désormais en cas de «transmission généralisée» et lorsqu'il est difficile de maintenir une distance physique, «par exemple dans les transports publics, dans les magasins ou dans d'autres milieux fermés ou très fréquentés».
Côté traitements, la polémique se poursuit sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine. Elle ne montre «pas d'effet bénéfique» pour les malades du Covid-19, selon les responsables de l'essai clinique britannique Recovery, qui ont annoncé dans un communiqué l'arrêt «immédiat» de l'inclusion de nouveaux patients pour ce traitement.
Recovery, premier essai clinique majeur à livrer des résultats très attendus, était l'un des seuls à n'avoir pas suspendu ses tests sur l'hydroxychloroquine après une étude controversée sur la revue The Lancet, retirée depuis. Cette publication pointait du doigt l'inefficacité, voire l'effet néfaste, de la molécule.
Plus de 392.000 morts
A l'échelle mondiale, la pandémie a fait plus de 392.000 morts depuis que le virus est apparu fin décembre en Chine.
Les Etats-Unis restent de loin le pays le plus touché (plus de 108.000 décès), suivis par le Royaume-Uni (40.261), le Brésil (34.021), l'Italie (33.774) et la France (29.111).