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Coronavirus: le seuil tragique des 100.000 morts franchi aux USA, urgence au Brésil

Coronavirus: le seuil tragique des 100.000 morts franchi aux USA, urgence au Brésil
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Par AlAhed avec AFP

Cent mille morts aux Etats-Unis, 25.000 au Brésil et 350.000 au total dans le monde: le terrible bilan du coronavirus franchit seuil après seuil, et pour autant le déconfinement avance.

Aux Etats-Unis, cette barre symbolique a été franchie mardi, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Celle-ci recense dans le pays près de 1,7 million de cas de la maladie (Covid-19).

La mortalité a surtout frappé l'Etat de New York, le deuxième le plus peuplé du pays, avec un tiers des décès du pays. Son gouverneur Andrew Cuomo a lancé un appel à l'aide de l'Etat fédéral. «On parle là de la vie des gens. On parle d'Etats et de voisins qui ont besoin d'une aide véritable», a-t-il dit à la presse mercredi.

«Même maintenant, avec 100.000 morts dans notre pays, vous allez faire de la politique politicienne?», a-t-il lancé, en référence aux tiraillements entre les élus démocrates comme lui et la majorité républicaine au Congrès de Washington.

Mais la première puissance mondiale progresse vers un retour à une activité économique normale. Par exemple, les casinos de Las Vegas seront autorisés à rouvrir mercredi. «Nous invitons les visiteurs de tout le pays à venir ici (...) Je ne pense pas que vous trouverez un endroit plus sûr que Las Vegas le 4 juin», a clamé le gouverneur du Nevada, Steve Sisolak.

La capitale américaine Washington amorce son déconfinement dès vendredi, en rouvrant entre autres les salons de coiffure et terrasses de restaurant. La maire Muriel Bowser souhaite que les personnes atteintes soient précisément identifiées et isolées, et «c'est en dépistant que nous pourrons le faire», a-t-elle insisté.

Encore 1.000 morts au Brésil

Au Brésil, l'urgence reste la même: tenter de contrôler la pandémie, ce que le géant sud-américain n'a pas su faire jusqu'ici. Le pays a dépassé mercredi pour la cinquième fois 1.000 morts en une journée (1.086 mercredi).

«Nous sommes particulièrement inquiets parce que le nombre de nouveaux cas recensés la semaine dernière au Brésil est le plus élevé sur sept jours depuis le début de la pandémie», disait mardi la directrice de l'Organisation panaméricaine de la santé, Carissa Etienne. Le total a plus que doublé en moins de deux semaines.

Pourtant l'Etat de Sao Paulo, poumon de l'économie brésilienne, a annoncé «la reprise raisonnée de certaines activités économiques» à partir de lundi. Les hôpitaux de cet Etat sont actuellement dangereusement proches de la saturation, mais ce redémarrage sera affiné selon la situation sanitaire de chaque municipalité.

Le Pérou voisin, entre autres pays latino-américains durement touchés, a battu mercredi son record de décès (195).

Moscou va sortir à partir de lundi du confinement strict en vigueur depuis fin mars. «Décision difficile», a estimé le maire Sergueï Sobianine, qui a dit être conscient de l'impatience des habitants, cloîtrés dans un tout petit périmètre pendant deux mois.

La Belgique a annoncé qu'elle rouvrirait ses écoles maternelles mardi, après avoir accueilli de nouveau des élèves plus âgés de classes jugés prioritaires.

Traçage sophistiqué

Les pays européens se mettent peu à peu aux outils les plus sophistiqués de traçage de l'épidémie.

En France, les parlementaires ont voté mercredi soir en faveur de l'application pour smartphone StopCovid. Elle doit alerter ses utilisateurs ayant eu un «contact prolongé» avec une personne testée positive, pour qu'ils se fassent tester aussi.

Un système reconstituant les contacts récents des malades est lancé jeudi en Angleterre, après l'Irlande du Nord. Quelque 25.000 personnes, des «traceurs», ont été embauchées pour retrouver les contacts de 10.000 malades par jour. C'est «l'outil que d'autres pays ont utilisé pour ouvrir la prison» du confinement, a argumenté le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Polémique autour de l'hydroxycholoroquine

Ailleurs dans le monde, la polémique autour de l'hydroxycholoroquine continue.

Deux pays africains, le Sénégal et le Tchad, ont affirmé qu'ils continueraient à l'utiliser, malgré une étude qui a conclu à son inefficacité. L'Algérie et le Brésil sont sur la même ligne.

L'Organisation mondiale de la santé, qui déconseille ce traitement, a lancé sa fondation devant l'aider à attirer des financements privés.

Parmi les fonds versés à son budget par les Etats membres, «plus de 80% sont des contributions volontaires, qui sont généralement affectées à des programmes spécifiques», a rappelé le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«J'ai vraiment honte»

Les indicateurs économiques et sociaux sont au rouge dans le monde entier.

Selon l'ONG Oxfam, la crise sanitaire pourrait précipiter 500 millions de personnes dans la pauvreté.

«Je me couvre le visage parce que j'ai vraiment honte, je n'avais jamais demandé de la nourriture», confie Jacqueline Alvarez, 42 ans, qui fait la queue avec près de 700 autres devant une association du quartier populaire d'Aluche, à Madrid, transformée en banque alimentaire.

Au Brésil, les experts s'attendent à une chute de 6 à 10% du PIB cette année et à un bond du taux de chômage jusqu'à plus de 18%.

En France, après s'être effondré d'environ 20% au deuxième trimestre, le PIB devrait se contracter de plus de 8% sur l'année, «la plus importante récession depuis la création des comptes nationaux en 1948», selon l'Institut national de la statistique.

Aux Etats-Unis, dont le système est ultra-décentralisé, la pandémie assèche les finances publiques de nombreux Etats, qui réclament l'aide du gouvernement fédéral, faute de quoi la reprise sera poussive et les conséquences sur la vie quotidienne durables.

Contagion de défaillances

Après l'Argentine et le Liban, qui se sont déclarés en défaut de paiement, les experts du G20 craignent que la pandémie ne provoque une contagion de défaillances chez les pays émergents, incapables d'honorer les remboursements de leurs dettes.

En Afrique du Sud, considérée par la Banque mondiale comme le pays le plus inégalitaire au monde, la pandémie a accru la misère et plongé dans le dénuement nombre des quelque 4 millions d'étrangers, la plupart en situation illégale.

Migrants et réfugiés, employés de boutiques ou vendeurs de rue ne peuvent plus travailler en raison du confinement, explique l'avocat Alfred Djanga, porte-parole de familles réfugiées à Johannesburg: «Sans papiers, ils n'ont pas d'autre choix que de faire la manche».

Les soignants éprouvés

Autre victime indirecte du coronavirus, l'état mental des soignants, soumis à une surcharge de travail et à un stress exceptionnels.

«On a tous les ingrédients d'un risque majeur de stress post-traumatique», estime Xavier Noël, expert des questions de santé mentale à l'Université libre de Bruxelles.

Ceux qui interviennent en soins intensifs «ont fait face à un taux de décès et à une manière de mourir totalement inhabituels, dans un contexte plus déshumanisé, sans la présence des familles pour les soulager sur la prise de décision», dit-il à l'AFP.

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