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Coronavirus: moins de restrictions en Europe, l’OMS réfléchit à l’avenir

Coronavirus: moins de restrictions en Europe, l’OMS réfléchit à l’avenir
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Par AlAhed avec AFP

Le nombre de décès en raison de nouveau coronavirus frôlait les 90.000 dimanche aux Etats-Unis pendant que de l'autre côté de l'Atlantique, l'Europe poursuit lundi son lent retour «à la normale», avec une nouvelle levée des restrictions imposées en mars en raison du coronavirus, au moment où l'OMS se réunit, virtuellement à Genève, pour envisager la manière de gérer à l'avenir la pandémie.

Partout dans le monde, les autorités partagées entre crainte d'une deuxième vague et catastrophe économique tentent d'alléger un confinement aux conséquences parfois douloureuses.

Aux Etats-Unis, le débat fait rage entre les partisans d'une réouverture rapide de l'économie et ceux d'une ouverture lente et raisonnée pour tenter d'éviter une seconde vague d'infections.

Pic du taux de chômage

Selon le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, dans tous les cas l'emploi devrait très durement souffrir et la première puissance mondiale endurer une profonde récession.

Il estime qu'un pic du taux de chômage à 20 ou 25% est probable, et que la chute du PIB des Etats-Unis au deuxième trimestre aux Etats-Unis sera «facilement dans les 20, les 30%». Rien de comparable toutefois, a-t-il affirmé, avec la Grande Dépression des années 30, parce que cette fois-ci les responsables économiques ne commettront pas les mêmes erreurs.

Dans une rare interview, le patron de la Fed a estimé que l'économie américaine ne pourrait se remettre totalement du choc provoqué par la pandémie qu'avec un vaccin. «Pour que l'économie se rétablisse complètement, il faut que les gens retrouvent pleinement confiance, il faudra peut-être attendre l'arrivée d'un vaccin».

Les trois géants de l'automobile américaine reprennent la production lundi. Mais l'inquiétude reste grande sur les chaînes de montage où il est difficile de garder ses distances et d'éviter la propagation du coronavirus.

Tacle d'Obama

Le pays a enregistré 820 nouveaux décès du coronavirus au cours des dernières 24 heures, soit le bilan le plus bas enregistré depuis le 10 mai, selon un décompte de l'université Johns Hopkins publié à 20h30 dimanche (0h30 GMT lundi).

Dans une sortie inhabituelle, l'ex-président Barack Obama a taclé à mots à peine couverts son successeur. «Cette pandémie a enfin enterré l'idée que tant de nos responsables savent ce qu'ils font», a-t-il déclaré samedi devant des étudiants. «Nombre d'entre eux ne cherchent même pas à faire semblant d'être responsables».

Le président Donald Trump a été sévèrement critiqué pour sa gestion de la pandémie, qu'il a niée au début.

Mauvaises nouvelles pour les économies

Les mauvaises nouvelles continuent de s'accumuler pour d'autres économies.

La troisième du monde, le Japon, est entrée en récession, avec un deuxième trimestre de contraction d'affilée du produit intérieur brut entre janvier et mars, alors que la crise du coronavirus commençait à frapper, selon des données publiées lundi par le gouvernement.

L'Italie (plus de 31.700 morts), qui a annoncé dimanche son plus bas bilan de décès quotidien du coronavirus (145 morts) depuis le début de son confinement de deux mois, débute lundi la «phase 2» de son déconfinement avec la réouverture des commerces, cafés et terrasses.

Le pays, premier dans le monde à avoir adopté un confinement total de sa population, profite depuis le 4 mai d'un peu de liberté retrouvée, à la faveur d'une première levée partielle de restrictions.

Très dépendante du tourisme, elle va lever la quarantaine obligatoire pour les visiteurs étrangers et rouvrir ses frontières aux touristes de l'UE à compter du 3 juin. «Nous sommes confrontés à un risque calculé, sachant (...) que la courbe épidémiologique pourrait à nouveau repartir à la hausse», a commenté le Premier ministre Giuseppe Conte.

Des monuments célèbres à rouvrir

Symbole fort dans ce pays catholique, la basilique Saint-Pierre rouvre ses portes lundi aux visiteurs, mais les fidèles devront encore patienter pour y entendre la messe. Celle-ci aura en revanche bien lieu lundi en milieu de journée au «Duomo», la majestueuse cathédrale de Milan, au cœur de la Lombardie, durement éprouvée par l'épidémie.

Autre monument célèbre à rouvrir ses portes, l'Acropole d'Athènes retrouve lundi ses visiteurs comme tous les sites archéologiques en Grèce, avant le retour espéré des touristes, essentiels à l'économie du pays. Les écoles secondaires rouvrent également leurs portes lundi en Grèce.

Les écoliers français des classes de cinquième et sixième retrouvent eux-aussi lundi les bancs de l'école, mais seulement dans les régions les moins touchées par l'épidémie.

La Belgique voisine rouvre également ses écoles.

Plages prises d'assaut

Les annonces unilatérales de réouverture des frontières font cependant débat au sein de l'UE, dont la Commission a souhaité une réouverture «concertée» et «non discriminatoire» des frontières intérieures.

La France (plus de 28.000 morts) a rouvert un grand nombre de ses plages, dont beaucoup ont été prises d'assaut. Les déplacements y restent limités à un rayon de 100 kilomètres autour du domicile.

Après les plages publiques le 4 mai, la Grèce a de son côté rouvert ses plages privées mais à condition là aussi de respecter des règles strictes.

En Angleterre, le premier weekend depuis l'allègement du confinement a vu les visiteurs affluer dans les parcs, rendant parfois difficile le respect des consignes de distanciation sociale.

Et du Portugal, à l'Azerbaïdjan en passant par le Danemark, l'Irlande ou l'Allemagne, plusieurs pays européens rouvrent leurs restaurants, cafés et terrasses, dont les fameux Biergarten, les brasseries en plein air de Bavière.

Foot à huis clos

Dilemme impensable il y a encore peu, quand plus de la moitié de l'humanité était confinée: dans de nombreux pays où les restrictions ont été allégées ce week-end, les amateurs de ballon rond avaient le choix entre une après-midi foot à la télé ou une sortie au vert.

Les Allemands ont déjà eu le privilège ce weekend de retrouver leur «Fussball» avec la reprise du championnat national, la Bundesliga, première du genre à reprendre en temps de pandémie.

La victoire sans saveur du Bayern de Munich contre l'union Berlin (2-0) a pourtant eu un goût de caviar pour les fans de foot, sevrés de matchs depuis plus de deux mois à cause du coronavirus. Comme celles de la veille, la rencontre s'est jouée dans un stade vide.

La chaîne allemande Sky a enregistré samedi plus de six millions de téléspectateurs en Allemagne et battu ses records d'audimat. La reprise a aussi été largement commentée dans le monde entier. «Wunderbar» («merveilleux»), a titré en allemand le journal britannique Mirror on Sunday.

Le Brésil a franchi le seuil de 15.000 morts

La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 313.611 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles dimanche à 19h00 GMT.

En Espagne, durement frappée (27.650 morts) et entrée dans un déconfinement progressif, le nombre quotidien de décès est tombé sous la barre des cent pour la première fois depuis deux mois.

Pays le plus touché d'Amérique latine, le Brésil a franchi le seuil de 15.000 morts. Des statistiques largement sous-estimées selon des experts, alors que le président Jair Bolsonaro ne cesse de critiquer le confinement décidé par certains gouverneurs.

«Le chômage, la faim et la misère seront l'avenir de ceux qui soutiennent la tyrannie de l'isolement total», a tweeté le dirigeant d'extrême droite.

Vigilance en Chine

Partout, la vigilance est de mise dans l'attente d'un hypothétique vaccin.

L'Inde a prolongé de deux semaines ses mesures de confinement, jusqu'au 31 mai, tout en évoquant la possibilité d'aménagements afin de «faciliter les activités économiques».

Le Qatar a lui commencé dimanche à appliquer les sanctions les plus sévères au monde contre les personnes ne portant pas de masque en public, pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.

En Chine, où le coronavirus est jugé sous contrôle par les autorités, un tel scénario est pris très au sérieux.

«Nous sommes confrontés à un grand défi», a estimé sur la chaîne CNN Zhong Nanshan, un des principaux conseillers du ministère de la Santé, relevant qu'une «majorité» des Chinois restaient «susceptibles d'être infectés» à l'avenir.

M. Zhong a également admis que les autorités de Wuhan (centre), le berceau de la pandémie, avaient caché l'ampleur de celle-ci lorsqu'elle a éclaté.

La Chine continentale a enregistré dimanche sept nouveaux cas du coronavirus, dont quatre ont été transmis localement, portant à 82.954 le nombre total de cas dans le pays depuis que l'épidémie s'y est déclarée en fin d'année dernière, ont indiqué lundi les autorités sanitaires chinoises.

A Hong Kong, des tests sur les hamsters, dont les cages avaient été séparées par des masques de protection, ont prouvé l'efficacité de ce dispositif.

«Il est clair qu'utiliser les masques sur les sujets infectés (...) est plus important que n'importe quoi d'autre», a dit le professeur Yuen Kwok-yung, expert reconnu des coronavirus, qui dirigeait les travaux d'une équipe de l'université de la ville.

Assemblée de l'OMS

Eviter la propagation sera l'un des enjeux majeurs de discussions qui débutent lundi au sein de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Les 194 pays de l'organisation se réunissent virtuellement, pour la première fois de son histoire, afin de débattre de la réponse internationale à la pandémie, qui a tardé jusqu'à présent à se concrétiser.

De nombreux chefs d'Etat, de gouvernements et de ministres doivent prendre la parole à l'occasion de cette Assemblée mondiale de la santé, organe décisionnel de l'agence onusienne, qui s'ouvre à 12h00 (10h00 GMT), et doit s'achever le lendemain à la mi-journée.

Malgré l'escalade des tensions entre Washington et Pékin, les pays espèrent adopter par consensus une longue résolution portée par l'UE. Elle demande de lancer «au plus tôt (...) un processus d'évaluation» pour examiner la riposte sanitaire internationale et les mesures prises par l'OMS face à la pandémie.

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