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Coronavirus: déconfinement dans l’incertitude en Europe, tsunami sur l’économie américaine

Coronavirus: déconfinement dans l’incertitude en Europe, tsunami sur l’économie américaine
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Par AlAhed avec AFP

De nombreux pays avancent prudemment vers le déconfinement de leur population, craignant une seconde vague de l'épidémie de coronavirus, qui a infecté prés de 4 millions de personnes dans le monde et a porté le chômage à un niveau jamais vu depuis les années 1930 aux Etats-Unis, la première puissance mondiale, également la plus endeuillée.

Le taux de chômage y a grimpé à 14,7% en avril, de plus de 10 points en un mois.

Le président Donald Trump reste confiant: «C'était tout à fait attendu». Quant au virus, «ça va disparaître sans vaccin. Ça va disparaître», a-t-il dit depuis la Maison Blanche, touchée pour la deuxième fois en quelques jours par le virus.

La porte-parole du vice-président US positive

Car après un militaire jeudi, c'est la porte-parole du vice-président Mike Pence qui a été testée positive. Katie Miller est la femme de Stephen Miller, un proche conseiller de Donald Trump et l'artisan de sa politique anti-immigration.

Le bilan quotidien des morts aux Etats-Unis a baissé vendredi (1.635 décès), mais le total reste de loin le plus élevé dans le monde, à 77.718.

Le confinement dépend des Etats fédérés, donc des gouverneurs. Le géant des technologies Apple compte rouvrir des magasins en profitant des autorisations données par ceux d'Idaho, de Caroline du Sud, d'Alabama et d'Alaska. Même si jusqu'à nouvel ordre, ses ingénieurs et dirigeants californiens travaillent depuis chez eux.

La réouverture autorisée aux petits commerces de Los Angeles vendredi a illustré la difficulté du retour à la normale. Certains n'étaient pas prêts et ont laissé leur rideau baissé, chez d'autres le chaland s'est fait très rare, et la mégalopole californienne vit toujours au ralenti.

Le bilan mondial dépasse 270.000 morts et approche 3,9 millions de cas détectés, un chiffre que l'on sait éloigné de la réalité faute de tests suffisants.

Opposition US à une résolution soutenant un cessez-le-feu mondial

La planète n'est pas à l'unisson. En témoigne aux Nations unies l'opposition de dernière minute des Etats-Unis à un projet de résolution, qui réclamait une «cessation des hostilités» et une «pause humanitaire pendant 90 jours» aux conflits pour faciliter l'aide aux populations les plus éprouvées.

Le texte porté par la Tunisie et la France semblait faire l'unanimité, et la diplomatie américaine avait donné son accord jeudi. Celle-ci finalement «ne peut soutenir le projet», a-t-elle fait savoir vendredi.

La crise sanitaire mondiale a plutôt isolé diplomatiquement les Etats-Unis, et leur président Donald Trump, persuadé que le virus provient d'un laboratoire de Wuhan (Chine).

Le service de renseignement allemand BND qualifie dans un rapport confidentiel cette théorie de Trump comme destinée à «détourner l'attention de ses propres erreurs et rediriger la colère des Américains vers la Chine», rapportait vendredi le magazine Der Spiegel, citant une note destinée à la ministre de la Défense.

Le gouvernement de Pékin, quant à lui, assure avoir été entièrement transparent avec l'Organisation mondiale de la santé. Espérant visiblement le prouver, il a dit vendredi soutenir la création, «après la fin de l'épidémie», d'une commission sous l'égide de l'OMS pour évaluer «la réponse mondiale», et pas seulement chinoise, à la maladie.

En Asie, la situation se normalise

Une directive vendredi a autorisé en Chine la réouverture, sous conditions, des lieux publics: centres commerciaux, restaurants, cinémas, installations sportives, sites touristiques, bibliothèques, etc.

L'Iran, pays le plus touché du Moyen-Orient, a autorisé les fidèles à assister aux prières du vendredi pour la première fois en plus de deux mois dans plusieurs provinces, mais la capitale Téhéran reste soumise à des restrictions.

Samedi c'est le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé du monde, qui commence à alléger ses restrictions, en rouvrant les marchés et petits commerces. La pandémie n'y est pas endiguée. Le nombre de cas (plus de 26.000) et de décès (599) officiellement recensés peut sembler faible dans une population de 220 millions d'habitants, mais il est fortement sous-estimé, et sa progression n'a pas ralenti.

Le Premier ministre Imran Khan l'a reconnu lui-même: le déconfinement répond d'abord à une urgence sociale, dans un pays où près d'un habitant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. «Nous faisons cela parce que les gens de notre pays sont dans une situation très difficile», a-t-il dit jeudi.

«Il n'y aura pas grand-chose à confiner, après tout, si l'économie se retrouve complètement à terre», constatait le quotidien pakistanais Daily Times dans un éditorial samedi.

C'est déjà le cas dans certains pays en Europe, mais les plus touchés attendront.

La Russie, longtemps épargnée mais qui connaît une forte hausse du nombre de cas, reste bouclée. Moscou a prolongé son confinement jusqu'au 31 mai, alors que plus de 10.000 nouvelles infections ont été enregistrées vendredi.

L'Europe refuse les arrivées

La pandémie a tué plus de 150.000 personnes en Europe. Le Royaume-Uni a franchi la barre des 31.000 morts, l'Italie en compte un millier de moins. Suivent l'Espagne (26.299) et la France (26.230), selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres de sources officielles, très vraisemblablement sous-estimés.

L'Europe se déconfine à petits pas, mais reste barricadée. La Commission européenne a d'ailleurs appelé vendredi les 27 membres de l'UE à refuser les entrées sur leur territoire jusqu'au 15 juin.

Ce long week-end du 8-Mai marque véritablement le début du grand déconfinement en Europe, avec les derniers pays encore bouclés qui se lancent à leur tour, chacun à sa manière et de façon progressive: la France, le Royaume-Uni, l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la République tchèque, la Grèce et l'Ukraine.

Le Danemark prévoit ainsi de rouvrir ses musées, théâtres, cinémas, parcs d'attraction en extérieur et zoos le 8 juin.

Comme le répète le Premier ministre français Edouard Philippe, «la vie à partir du 11 mai ne sera pas la vie d'avant».

De nombreux doutes entourent cette opération de déconfinement. Est-elle risquée? Comment s'y prendre exactement? Les contaminations vont-elles repartir de plus belle?

«Ne perdez jamais espoir»

En Espagne par exemple le processus ira plus ou moins vite en fonction des régions. Le gouvernement a décidé vendredi qu'en dehors des zones les plus touchées, dont les plus deux grandes villes du pays (Barcelone et Madrid), les terrasses des bars et des restaurants pourraient rouvrir, et on pourrait se réunir jusqu'à dix personnes.

Au Royaume-Uni, déconfiner au même rythme que les voisins européens n'est pas encore à l'ordre du jour. «Nous ne sommes pas tirés d'affaire», a déclaré le ministre de l'Environnement George Eustice. «Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir», a exhorté la reine Elisabeth II, en évoquant la victoire à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, il y a 75 ans.

En Allemagne, qui commémorait pour la deuxième fois le 8-Mai depuis 1945, le président Frank-Walter Steinmeier a exhorté la communauté internationale à tirer les leçons du conflit en allant vers «plus de coopération» dans la lutte contre le nouveau coronavirus, et «pas moins».

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont insisté lors d'un entretien téléphonique sur la nécessité «plus impérieuse que jamais» de l'engagement européen.

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