Coronnavirus en France: le gouvernement rend sa copie à quatre jours du déconfinement
Par AlAhed avec AFP
Rouge ou vert, c'est l'heure du verdict pour le déconfinement en France: à quatre jours de l'échéance du 11 mai, le gouvernement dévoile jeudi les derniers détails de la remise en marche progressive du pays, quasiment à l'arrêt depuis bientôt deux mois.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a rendez-vous à 16 heures pour présenter depuis Matignon «la préparation de l'étape du 11 mai» concoctée par son gouvernement depuis l'annonce le 13 avril par le président Emmanuel Macron de la date de la levée partielle du confinement anti-coronavirus. Ce dernier est en vigueur depuis le 17 mars.
Et le chef du gouvernement ne sera pas seul pour cet exercice puisque les principaux ministres concernés seront à ses côtés: Olivier Véran (Santé), Christophe Castaner (Intérieur), Bruno Le Maire (Economie), Muriel Pénicaud (Travail), Jean-Michel Blanquer (Education) et Elisabeth Borne (Transition écologique et Transports).
Le déconfinement se déroulera de manière «progressive» et «différenciée», a prévenu le Premier ministre.
Après le 11 mai, l'exécutif a fixé une nouvelle étape au 2 juin qui pourrait permettre, si les conditions sont réunies, d'amplifier le déconfinement.
La carte colorant les départements en fonction de leur situation sanitaire (circulation du virus, capacités hospitalières et en matière de tests notamment) doit orienter le processus.
De tricolore depuis sa première publication la semaine dernière (vert, orange, rouge) et actualisée quotidiennement, elle doit jeudi devenir bicolore (vert et rouge) ce qui pourrait se traduire par un «déconfinement plus strict» selon la teinte attribuée par les autorités.
Le Premier ministre doit notamment aborder les conditions de réouverture des écoles maternelles et élémentaires, la reprise des transports publics, le retour dans les entreprises ou la possibilité de se déplacer dans un rayon de 100 km notamment.
Plan de reconfinement
«Un plan éventuel de reconfinement» sera prêt en cas de nouvelle aggravation de la situation sanitaire même si «ce n'est pas notre objectif», a averti mercredi Jean Castex, haut fonctionnaire chargé de le coordonner, devant la commission des lois du Sénat.
L'épidémie de Covid-19 a encore causé en France la mort de 278 personnes en 24 heures, portant le total à 25.809 morts au moins depuis le 1er mars, a indiqué mercredi la Direction générale de la santé.
Les appels de détresse sont «de plus en plus nombreux», après ces deux mois de confinement, raconte Ludovic Piron, fonctionnaire d'ordinaire délégué aux Relations Internationales qui s'est porté volontaire depuis chez lui pour assurer la permanence du 3975, la ligne d'urgence de la mairie de Paris.
«Les gens appellent pour avoir un renseignement mais on sent aussi qu'ils ont besoin de parler, parce qu'ils sont seuls ou que leur famille est éloignée», explique-t-il.
Face à la grande inconnue de la reprise, les usagers des transports publics comme les opérateurs sont inquiets. Des lignes de transports en commun pourraient fermer après le 11 mai, si les règles de sécurité sanitaires n'étaient pas respectées.
Le plan de redémarrage de la SNCF prévoit une augmentation de l'offre à mesure que la France se déconfinera, couplée à de strictes règles sanitaires, et vise «un retour à la normale fin juin».
Neuf compagnies aériennes basées à Orly ont demandé mercredi à l'Etat, dans une lettre ouverte, de fixer dès maintenant au 26 juin la réouverture de l'aéroport fermé le 1er avril pour cause de coronavirus.
Masques pour tous
Et sur le sujet toujours très sensible des masques, l'une des clés du déconfinement, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a répété mercredi que «l'objectif est que chaque Français ait accès à un masque» le 11 mai.
Parce que ses trottoirs sont trop étroits, la commune littorale de Penvenan (Côtes-d'Armor) a choisi de faire respecter la distanciation physique en faisant des «trottoirs à sens unique» dès le 11 mai. «Tous les commerçants apprécient cette démarche-là», souligne le maire Michel Deniau à l'AFP.
«Le 11 mai beaucoup de choses pourront reprendre» mais en s'adaptant au coronavirus, entre «bon sens et innovation», a assuré Emmanuel Macron mercredi, lors d'une visioconférence avec une douzaine d'artistes (cinéastes, écrivains, musiciens...) consacrée au monde de la culture.
«On doit pouvoir rouvrir les librairies, les musées sans qu'il y ait trop de brassages, les disquaires, les galeries d'art», et les théâtres doivent pouvoir «commencer» à fonctionner et à répéter, a-t-il souligné. Avant un point «fin mai, début juin» concernant l'accueil du public.
Le ministre de la Culture Franck Riester a indiqué que les médiathèques et bibliothèques pourraient aussi rouvrir ainsi qu'un certain nombre de musées et de monuments historiques.