Coronavirus: Sanofi prévoit des essais à grande échelle pour son vaccin potentiel
Par AlAhed avec Reuters
Sanofi a déclaré mardi qu'il prévoyait de faire appel à des milliers de patients à travers le monde pour les essais du vaccin expérimental contre le coronavirus que le groupe pharmaceutique français est en train de développer avec le britannique GlaxoSmithKline. Des dirigeants de Sanofi ont dit aussi à Reuters que le laboratoire avait entrepris des discussions avec plusieurs pays pour des achats par anticipation.
Sanofi travaille actuellement sur deux programmes de développement d'un vaccin destiné à contrer le Covid-19, la maladie provoquée par le nouveau coronavirus, et a fait savoir qu'il explorait plusieurs options de production, dont de nouvelles collaborations, pour garantir sa capacité à répondre à la demande si un programme venait à réussir.
Les laboratoires s'activent pour développer traitements et vaccins contre le coronavirus, hautement contagieux, qui a tué plus de 255.000 personnes à travers le monde, infecté plus de 3,6 millions de personnes et dévasté l'économie mondiale.
Parmi plus de 100 candidats au développement d'un vaccin, 10 sont pour l'heure arrivés au stade des essais cliniques, selon l'Institut Milken, centre de réflexion basé en Floride.
Sanofi, dont la division commerciale de vaccins Sanofi Pasteur a un bilan reconnu en matière de vaccins contre la grippe, s'est associé le mois dernier à son rival britannique GSK dans l'espoir d'obtenir un vaccin prêt l'an prochain.
Les deux groupes comptent faire appel à leurs technologies respectives: un antigène de protéine que Sanofi a basé sur la plateforme utilisée pour son vaccin contre la grippe Flublok, et les adjuvants reconnus développés par GSK qui ont pour effet de favoriser la production d'anticorps afin d'améliorer la résistance immunitaire.
Les dirigeants de Sanofi Pasteur ont déclaré à Reuters que le groupe espérait débuter en septembre la première phase des essais cliniques, en faisant appel à des centaines de patients.
Alors que la «phase 1» des essais cliniques d'un vaccin implique habituellement un petit groupe de volontaires en bonne santé pour tester l'innocuité, Sanofi a dit avoir opté pour un plus grand nombre de personnes dans le but d'obtenir plus tôt des données plus fiables.
«Nous avons envisagé la Phase I avec plusieurs centaines de sujets, donc c'est en fait une phase I/II d'essai», a déclaré John Shiver, responsable de la recherche de la division vaccins de Sanofi.
En plus de parvenir à mettre au point un vaccin efficace, l'enjeu pour le laboratoire réside dans sa capacité à le produire à très grande échelle et à le distribuer à travers le monde.
«Nous allons comparer différentes doses du vaccin et cela est primordial. Cela nous renseignera sur la capacité de l'usine et ce que nous devons faire pour produire le nombre de doses que nous prévoyons», a dit John Shiver.
Sanofi a dit par le passé qu'il sera en mesure de produire plus d'un milliard de doses.
Son programme conjoint avec GSK a reçu le soutien financier de l'autorité de recherche et de développement en biologie médicale avancée (BARDA) du département américain de la Santé.
John Shiver a indiqué que la dernière phase des essais, impliquant des milliers de sujets, pour comparer les effets du vaccin avec un placebo, devrait avoir lieu à la fin de l'année ou début 2021.
Il a ajouté que certains des essais cliniques réalisés par le passé par Sanofi pour ses vaccins contre la grippe avaient concerné jusqu'à 30.000 participants.
Le vice-président exécutif de la division vaccins, David Loew, a déclaré que Sanofi avait entamé des discussions préliminaires avec des pays sur des mécanismes de précommande du vaccin, si celui-ci venait à se révéler efficace, bien que des détails juridiques doivent toujours être réglés avec GSK.
«C'est un peu délicat lorsque vous vous associez à une autre compagnie», a-t-il dit, précisant que des discussions avaient lieu avec des représentants américains ainsi qu'avec certains pays européens.
Du fait du soutien apporté par BARDA, il est attendu que les doses qui seront produites dans l'usine américaine de Sanofi iront en priorité aux patients aux Etats-Unis, une perspective qui alimente les préoccupations en Europe.
A la question de savoir si le groupe pharmaceutique français pourrait considérer de nouvelles collaborations dans le but de garantir le niveau de production qu'il a promis, David Loew a répondu «oui, si nous parvenons à la conclusion que nous n'avons pas suffisamment de capacités».
Sanofi travaille aussi avec l'américain Translate Bio sur le développement d'un autre vaccin potentiel contre le coronavirus.