Coronavirus: l’UE temporise sur son plan de relance, Washington adopte de nouvelles aides
Par AlAhed avec AFP
L'Union européenne a encore temporisé jeudi sur son plan de relance au moment où les Etats-Unis adoptaient de nouvelles mesures pour faire face à une récession historique due au coronavirus.
La pandémie, qui a fait près de 190.000 morts depuis l'apparition du virus en décembre en Chine, va contraindre des centaines de millions de musulmans à vivre un ramadan cloîtré.
Au terme de plus de quatre heures de sommet en visioconférence, les dirigeants de l'UE ont demandé à la Commission européenne de formuler des propositions de relance à partir de la mi-mai.
«Il n'y a pas de consensus aujourd'hui» sur les solutions à apporter à la crise économique la plus grave depuis 1945, a reconnu le président français Emmanuel Macron. Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a toutefois évoqué une «étape importante».
«Trop peu, trop tard»
Des compagnies aériennes à l'industrie automobile en passant par le secteur du tourisme et celui des vins et spiritueux, les grands groupes à travers le monde ont commencé à publier de premiers chiffres trimestriels augurant de la violence du choc.
Parmi les rares grands gagnants: la plateforme de diffusion en ligne américaine Netflix, qui a vu son nombre d'abonnés bondir à la faveur du confinement de plus de la moitié de l'humanité.
Continent le plus endeuillé, avec plus de 115.000 morts, l'Europe pourrait connaître une récession de 7,1% cette année, selon le Fonds monétaire international.
A l'ouverture de la réunion, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, avait mis en garde contre le risque «d'agir trop peu, trop tard».
Mais les dirigeants de l'UE restent divisés tant sur le montant que sur le mode de financement d'un plan de relance commun, qui devrait atteindre plusieurs centaines de milliards d'euros.
La chancelière allemande Angela Merkel s'est engagée à contribuer davantage au budget européen, tout en excluant la mutualisation des dettes nationales demandée par les pays du Sud.
Un nouveau plan d'aide US
Aux Etats-Unis, qui avec près de 50.000 morts sont le pays le plus frappé au monde, le nombre de chômeurs a une nouvelle fois bondi pour atteindre plus de 26 millions de nouveaux sans-emploi en cinq semaines.
Le nombre de morts sur 24h, entre mercredi et jeudi soir, a passé la barre des 3.000 dans le pays - l'un des pires bilans quotidiens.
Souvent masqués, les élus de la Chambre des représentants ont adopté un nouveau plan d'aide aux petites et moyennes entreprises et aux hôpitaux de 480 milliards de dollars, après le plan de relance historique de 2.200 milliards approuvé fin mars.
Si démocrates et républicains sont parvenus à s'entendre sur une réponse économique, les Etats américains se déchirent sur le déconfinement: certains, comme le Texas ou la Géorgie, ont décidé de rouvrir une partie des commerces malgré les craintes d'un redémarrage prématuré qui pourrait relancer la contagion.
Chaleur et rayons du soleil pourraient affaiblir le virus
Selon une étude du gouvernement américain, le nouveau coronavirus s'affaiblirait dans une atmosphère chaude et humide ainsi que sous les rayons du soleil.
«Notre observation la plus frappante à ce jour est l'effet puissant que semble avoir la lumière du soleil pour tuer le virus, aussi bien sur des surfaces que dans l'air», a déclaré un haut responsable du département de la Sécurité intérieure, Bill Bryan.
«Si la chaleur est bonne, si la lumière du soleil est bonne, je pense que c'est une très bonne chose», s'est réjoui Donald Trump.
Les scientifiques s'interrogent depuis son apparition sur la possibilité que le nouveau coronavirus s'affaiblisse avec l'augmentation des températures, c'est-à-dire avec l'arrivée de l'été dans l'hémisphère nord.
Les anticorps protègent d'une nouvelle infection?
Plusieurs pays d'Europe, encouragés par des signes d'amélioration sur le front sanitaire, ont aussi commencé à alléger le confinement.
Première dans les grands pays européens, la Ligue allemande de football a indiqué être prête à reprendre le championnat le 9 mai, si elle obtient le feu vert. A huis clos.
Le Vietnam, qui ne déplore officiellement aucun décès et compte moins de 300 cas, a commencé à sortir jeudi du confinement drastique qu'il avait imposé dès les premiers jours de février. Certains commerces sont autorisés à rouvrir.
Et en Afrique du Sud, les restrictions seront «assouplies» progressivement à partir du 1er mai.
Mais le spectre d'une deuxième vague mortelle plane malgré une systématisation des «gestes barrières». D'autant que le mystère reste entier quant à la part de la population potentiellement immunisée: seulement 6% des Français auront été infectés lorsque commencera le déconfinement le 11 mai dans leur pays, mais déjà plus d'un New-Yorkais sur cinq, selon de premières études.
A Prague, des centaines de personnes ont fait la queue pour bénéficier d'un test gratuit.
Toutefois, «il n'y a aucune garantie que les anticorps protègent d'une nouvelle infection. Pour le moment, on ne peut qu'espérer», explique à l'AFP Guido Marinoni, président de l'association des médecins de Bergame, en Lombardie.
Un mois du ramadan perturbé
C'est sur une planète largement à l'arrêt que le monde musulman entre vendredi dans le mois de jeûne du ramadan.
L'Arabie saoudite, qui abrite les deux premiers lieux saints de l'islam, ainsi que la plupart des pays arabes --dont la Syrie, l'Egypte, la Tunisie, la Jordanie et Bahreïn-- ont annoncé le début vendredi du ramadan.
Un des piliers de l'islam, le mois de jeûne, durant lequel les croyants doivent notamment s'abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil, est traditionnellement une période de rassemblements. C'est aussi un mois de prières au cours duquel les musulmans convergent en grand nombre dans les mosquées, surtout la nuit.
Mais en raison du Covid-19, presque tous les pays musulmans ont fermé les mosquées et demandé aux gens de prier chez eux, imposant parfois confinement et couvre-feu pour empêcher la propagation du virus. Des restrictions soutenues, dans la plupart des cas, par les autorités religieuses.
Mais les effets secondaires de la pandémie risquent d'être aussi dévastateurs, voire davantage, que la maladie elle-même.
La famine menace «plus de 250 millions» de personnes cette année, selon l'ONU.
Dans le même temps, près de 400.000 personnes supplémentaires pourraient mourir du paludisme en raison de problèmes de distribution de moustiquaires et de médicaments, a prévenu l'Organisation mondiale de la santé.