Le Maroc intègre les eaux du Sahara occidental dans son espace maritime, le Polisario dénonce
Par AlAhed avec AFP
Le Maroc a intégré mercredi les eaux du Sahara occidental à son espace maritime, en votant deux lois qui renforcent sa tutelle sur cette ancienne colonie espagnole au statut toujours indéfini.
«Ces lois visent à réactualiser l'arsenal juridique national», en phase avec «la souveraineté totale du royaume sur ses frontières effectives, terrestres et maritimes», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avant l'adoption du texte par le Parlement à Rabat.
Les lois établissant la compétence juridique du Maroc sur l'espace maritime allant de Tanger (nord) à Lagouira, à la frontière mauritanienne, ont été votées à l'unanimité par les députés et saluées par des applaudissements.
Dans une déclaration écrite à l'AFP, reçue à Alger, le Front Polisario, qui réclame l'indépendance du Sahara occidental, a estimé que la décision du Maroc n'aurait «aucun effet légal» et a menacé de saisir le tribunal international du droit de la mer. «Il ne s'agit que de propagande, dénuée de toute valeur juridique internationale», a réagi Mhamed Khadad, un membre de la direction de ce mouvement.
La question du statut du Sahara occidental, toujours classé «territoire non autonome» par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Polisario, soutenus par l'Algérie.
Cette vaste étendue désertique bordée sur environ 1.000 km par l'Atlantique est en grande partie contrôlée par le Maroc, qui veut une «autonomie sous contrôle» pour la zone qu'il considère comme sienne. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination.
Ce mouvement a introduit des recours contre deux récents accords entre l'Union européenne et le Maroc, élargissant les échanges commerciaux agricoles et halieutiques aux produits du Sahara occidental. La procédure est en cours, selon Me Gilles Devers, l'avocat du Polisario joint par l'AFP.
Tensions
En gestation depuis des années, la délimitation des eaux a aussi, par le passé, suscité des tensions entre le Maroc et l'Espagne, notamment après des explorations pétrolières dans la zone.
La question sera abordée vendredi au cours de la première visite à Rabat de la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez, a souligné M. Bourita après le vote.
«Nous ne voulons pas imposer un fait accompli mais nous sommes prêts au dialogue avec l'Espagne dans le cadre de nos droits essentiels et souverains», a-t-il dit devant le Parlement.
Mi-décembre, le gouvernement espagnol avait rappelé au Maroc que la délimitation des frontières maritimes avec des pays voisins était régie par «un accord mutuel».
Moins de 100 km séparent l'archipel espagnol des Canaries des côtes marocaines et chaque Etat est en droit de revendiquer un plateau continental allant de 200 à 350 milles marins.
Les nationalistes de la Coalition Canaries ont récemment exigé du gouvernement espagnol qu'il se plaigne auprès des Nations unies de «la décision du Maroc de poursuivre la nouvelle délimitation de ses frontières». «Cette décision unilatérale concerne directement les Canaries», a protesté cette formation avant le vote, sur son compte Twitter.
Le Maroc avait ratifié la convention des Nations unies sur le droit de la mer en 2007, disposant alors d'un délai de dix ans maximum pour définir son plateau continental et ses frontières maritimes.