France: l’Assemblée intègre «l’antisionisme» à la définition de «l’antisémitisme»
Par AlAhed avec AFP
L'Assemblée nationale a adopté mardi une proposition de résolution LREM soutenue par le gouvernement, mais qui a entraîné un record d'oppositions de «marcheurs», certains craignant qu'elle empêche «toute critique de la politique d'Israël» ou «hiérarchise les haines».
Le texte, sans valeur contraignante, a été adopté par seulement 154 voix pour (des LREM et LR principalement), 72 contre (à gauche), et 43 abstentions.
Vingt-six députés LREM se sont prononcés contre - du jamais vu dans le groupe majoritaire depuis l'accord de libre-échange Ceta (9 contre) -, 22 se sont abstenus, tandis que 84 l'ont validé.
La résolution reprend la définition de «l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste» (IHRA), déjà validée par le Parlement européen et 20 pays dont 16 de l'UE, et appuyée par Emmanuel Macron en février devant le «Conseil représentatif des institutions juives de France» (Crif). Le président avait alors affirmé vouloir élargir la définition de «l'antisémitisme» à «l'antisionisme».
«Les manifestations rhétoriques et physiques de l'antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte», selon la définition de «l'IHRA».
Celle-ci constitue «un instrument efficace (...) en ce qu'elle englobe les manifestations de haine à l'égard de l'Etat d'Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme collectivité juive», précise la résolution.
Après le vote, le ministre israélien des «Affaires étrangères» Israel Katz a «salué la décision du Parlement français» et a appelé les «autres pays à suivre l'exemple de la France».
«Catégoriser les haines»
Comme d'autres, la présidente du RN Marine Le Pen s'est inquiétée mardi du risque que la résolution «puisse interdire de critiquer Israël».
Autre écueil, soulevé par plusieurs députés: pourquoi «catégoriser» les haines ? La France est une République «indivisible» et «laïque» et il faut légiférer sans distinction «religieuse», ont encore rappelé vingt-quatre «marcheurs» dans une tribune.
En réponse à ces critiques, le président du groupe LREM Gilles Le Gendre a accepté la demande d'une mission d'information «sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme, et les réponses à y apporter».
Dès à présent, les députés socialistes vont déposer leur proposition de résolution pour «lutter contre toutes les formes de (...) discriminations».
Le numéro un du PS Olivier Faure a jugé le moment d'examen de la résolution LREM «particulièrement mal choisi».
Considérant que les outils existent déjà pour pénaliser l'antisémitisme, les socialistes ont voté contre la résolution, tout comme communistes et insoumis. Selon leur leader Jean-Luc Mélenchon, «assimiler la critique du sionisme à un acte antisémite» fait «deviner une volonté de provocation qui sidère».
Même les députés MoDem se sont majoritairement abstenus, estimant le «terrain risqué».