Washington envoie des renforts militaires en Syrie pour contrôler le pétrole
Par AlAhed avec ATS
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi l'envoi de renforts militaires pour mettre la main sur les champs pétroliers de l'est syrien. Malgré le retrait américain du nord, les Forces démocratiques syriennes (FDS) coopèrent encore avec les Etats-Unis dans la province de Deir Ezzor (est), non loin de la frontière irakienne, où se trouvent les plus grands champs pétroliers du pays. Quelque 200 soldats américains y sont encore postés.
«L'objectif est d'empêcher ces champs pétroliers de tomber entre les mains de l'EI ou d'autres groupes déstabilisateurs», a ajouté ce responsable ayant requis l'anonymat. «Nous devons interdire à l'EI cette source de revenus pour prévenir toute résurgence» du groupe terroriste. Le président américain Donald Trump avait dit mercredi qu'un «petit nombre de soldats» américains resterait en Syrie, «dans les zones où il y a du pétrole». Il a précisé que le chef des FDS, Mazloum Abdi, l'avait remercié et s'était montré «extrêmement reconnaissant».
Les forces kurdes, dont les rêves d'autonomie ont été anéantis, ont quitté jeudi des positions tenues de longue date près de la frontière turque.
«Une discussion musclée» à l'OTAN
A Bruxelles, une réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, dont la Turquie fait partie, a donné lieu à «une discussion musclée». Il n'est «pas question» pour l'Alliance de «perdre» un allié stratégique en l'humiliant avec une mise en accusation, selon un diplomate. Les Etats-Unis s'inquiètent de voir un «bon allié tourner sur l'orbite de la Russie plutôt que sur l'orbite de l'Otan», a dit le chef du Pentagone Mark Esper.
La ministre allemande a elle défendu son idée de créer, sous l'égide de l'ONU, une zone de protection internationale dans le nord de la Syrie. Cette initiative, accueillie avec scepticisme par la communauté internationale, a reçu le soutien du chef des FDS.
L'ambassadeur turc défend le rapatriement des terroristes étrangers
Devant le conseil de sécurité de l'ONU, la Syrie et la Turquie ont échangé jeudi des propos acrimonieux lors de leur première confrontation. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, a vivement dénoncé «l'agression» de la Turquie contre son pays, trouvant «étrange» l'utilisation par Ankara de l'article 51 de la Charte de l'ONU sur la légitime défense pour justifier son opération militaire.
«Je rejette et condamne fermement toute présentation erronée de notre opération de lutte contre le terrorisme comme un acte d'agression», a répliqué son homologue turc, Feridun Sinirlioglu. Il s'agissait d'une «opération limitée de lutte contre le terrorisme» qui visait notamment à «garantir l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie». «Elle n'a visé que des terroristes et leurs repères, leurs armes et leurs véhicules», a-t-il insisté.
Il a d'autre part estimé que la «seule solution durable» pour les terroristes étrangers et leur famille détenus en Syrie était qu'ils soient rapatriés par leur pays d'origine. «Priver des gens de leur nationalité n'est pas le bon moyen pour lutter contre le terrorisme». «Cela revient simplement à se laver les mains du problème», a-t-il jugé. Feridun Sinirlioglu s'est enfin voulu rassurant sur le retour en Syrie de réfugiés accueillis en Turquie. Il s'effectuera de manière «volontaire, sûre et dans la dignité», a-t-il promis.