Vente d’armes à la Turquie: Paris et Berlin «coordonnées» pour l’arrêter, Rome veut un moratoire européen
Par AlAhed avec AFP
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont appelé ensemble dimanche soir, le 13 octobre, la Turquie à cesser son opération contre les forces kurdes en Syrie, affirmant rester «très coordonnés» pour signifier aux Turcs «la fin de toutes nos ventes d'armes». Au moment où l’Italie souhaite l'instauration d'un «moratoire» sur ces ventes dans le cadre de l'Union européenne.
«Nous avons échangé, qui avec le président (américain) Trump qui avec le président (turc) Erdogan et nous avons passé le message clair de notre volonté commune que cette offensive cesse», a déclaré le président français, avant un dîner des deux dirigeants européens à l'Elysée.
«Notre conviction est que cette offensive prend le risque d'une part, et nous ne constatons d'ores et déjà sur le terrain, de créer des situations humanitaires insoutenables et, d'autre part d'aider Daech à réémerger dans la région», a ajouté M. Macron, qui a convoqué dimanche à 22H00 un conseil restreint de défense sur la Syrie.
Ce Conseil de défense réunira notamment le Premier ministre Edouard Philippe, les ministres de la Justice, des Affaires Etrangères, des Armées et de l'Intérieur, ainsi que le chef d'état-major des armées, l'Amiral Rogel.
«J'ai parlé un heure avec le président Erdogan, nous devons tenir compte des intérêts et de la sécurité de la Turquie. Mais nous pensons aussi qu'il faut mettre un terme à cette invasion turque, car il y a des raisons humanitaires et on ne peut pas accepter cette situation contre les Kurdes», a ajouté Angela Merkel.
«Face à cette situation, nous resterons très coordonnés, comme nous l'avons été pour signifier aux Turcs la fin de toutes nos ventes d'armes, mais également sur les initiatives à prendre dans les prochaines heures et les prochains jours», a conclu le président français.
Il a aussi appelé les Européens à s'unir dans «ce moment, européen et international difficile et parfois inquiétant».
Moratoire européen
«Nous ne pouvons nous permettre ni de vision ni aveuglement ni faiblesse», a-t-il ajouté, «l'Europe ne peut s'offrir le luxe de vaines querelles, de petites disputes ou d'ajouter des crises internes aux tensions du monde qui nous affectent déjà».
Dans le même temps à Rome, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a souhaité «le plus rapidement possible» l'instauration d'un «moratoire sur les ventes d'armes à la Turquie» dans le cadre de l'Union européenne. Une allusion aussi bien la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE ce lundi que le sommet européen de jeudi et vendredi.
«Le gouvernement italien est convaincu qu'il faut agir avec la plus grande détermination pour éviter de nouvelles souffrances au peuple syrien, en particulier kurde, et pour combattre les actions déstabilisant la région», a insisté M. Conte.
Au 5e jour de leur attaque, les forces turques et leurs alliés locaux ont avancé en profondeur en Syrie ce dimanche. Elles semblent en passe d'achever la première phase de leur offensive contre les forces kurdes, lâchées par Washington qui a annoncé le retrait de près de 1 000 soldats du Nord syrien.
Les autorités kurdes ont annoncé la fuite de près de 800 proches de terroristes de «Daech» d'un camp de déplacés.