Brexit: l’opposition britannique se concerte pour tenter d’empêcher un «no deal»
Par AlAhed avec AFP
Le patron du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn réunit mardi les autres chefs de file de l'opposition pour tenter de trouver un front commun contre un Brexit dur le 31 octobre, envisagé par le premier ministre Boris Johnson.
Le Labour, principale formation de l'opposition, fera «tout ce qui est nécessaire» pour empêcher une sortie de l'UE sans accord, qui ne profiterait qu'aux «riches et aux spéculateurs», a déclaré Jeremy Corbyn au journal The Independent avant la réunion, prévue à 11h00 (12h00 à Paris) dans son bureau au Parlement à Londres.
Il a également mis en garde contre les risques d'un «no deal» favorable au président américain Donald Trump qui, ardent défenseur d'un Brexit sans concession, a promis à Boris Johnson «un très grand accord commercial, rapidement» après la sortie de l'UE.
Or, un Brexit sans accord «ne nous rendra pas notre souveraineté, cela nous mettra sous le joug de Trump et des grosses entreprises américaines», s'est inquiété le chef de l'opposition.
Boris Johnson veut à tout prix quitter l'UE, avec ou sans accord de divorce, divisant profondément le Royaume-Uni, jusque dans son camp conservateur, dont une partie souhaite le maintien de liens étroits avec l'UE.
Cela effraie aussi les milieux économiques, qui redoutent les conséquences d'une césure brutale, notamment le rétablissement de tarifs douaniers.
Le chef du gouvernement s'est dit lundi «à peine plus optimiste» sur la possibilité de s'entendre avec Bruxelles, après avoir rencontré plusieurs dirigeants durant le sommet du G7.
Londres et l'UE s'opposent sur le sort de la future frontière irlandaise, qui séparera le Royaume-Uni du marché unique européen, tout en se disant prêt à en discuter.
Jeremy Corbyn estime que des élections générales anticipées seraient le meilleur moyen de contrecarrer un Brexit sans parachute.
Il veut au préalable faire tomber l'exécutif lors d'un vote de défiance après le retour de vacances du Parlement, le 3 septembre, et prendre la tête d'un gouvernement intérimaire dont l'objectif serait de repousser la date du Brexit.
Le Labour ferait alors campagne pour un nouveau référendum sur l'appartenance à l'UE, qui mentionnerait la possibilité pour le Royaume-Uni de rester membre.
Un scénario rejeté par la cheffe des libéraux-démocrates Jo Swinson, qui participe à la réunion aux côtés des députés Ian Blackford (parti nationaliste écossais SNP), Liz Saville-Roberts (parti gallois Plaid Cymru) et l'ex-Tory Anna Soubry (indépendante).
Aucun des pro-européens conviés parmi les conservateurs n'a répondu à l'invitation, peu désireux de voir le travailliste accéder au pouvoir.
Pour Jo Swinson, le projet de Jeremy Corbyn est de fait voué à l'échec car il n'est pas la personne capable de bâtir une majorité, même temporaire, à la Chambre des Communes.
«L'option semblant rallier un soutien croissant» est le vote d'une loi exigeant du gouvernement de demander un nouveau report du Brexit, a-t-elle expliqué sur la BBC radio.
«Mais nous devrions bien sûr discuter de toutes les options, y compris quoi faire si cela ne réussit pas, parce que nous n'avons pas beaucoup de temps», a-t-elle ajouté.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a la main sur l'agenda parlementaire. Et Boris Johnson n'a pas écarté la possibilité de suspendre le Parlement pour empêcher les députés de bloquer un «no deal».
Tentant de surmonter les divisions, Jeremy Corbyn s'est dit ouvert à d'autres scénarios.
«J'ai l'espoir que nous parvenions à un bon compromis et que nous emmenions avec nous d'autres parlementaires conscients des risques de catastrophe d'un Brexit sans accord», a-t-il noté.
Les Britanniques ont décidé à 52% de quitter l'UE lors d'un référendum en 2016, mais leur départ a été déjà repoussé par deux fois après que le Parlement s'est opposé à l'accord conclu entre Bruxelles et le gouvernement britannique, dirigé alors par Theresa May.
De son côté, le Parti du Brexit, emmené par l'europhobe Nigel Farage, présente mardi ses candidats à d'éventuelles élections législatives. Il était arrivé en tête des élections européennes en mai.