Macron et Johnson affichent un ton plus conciliant sur le Brexit
Par AlAhed avec AFP
Boris Johnson et Emmanuel Macron ont affiché ce jeudi un ton plus conciliant sur le Brexit, en affirmant leur volonté de trouver un accord pour une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'Union européenne, et jugeant possible de s'entendre sur la frontière irlandaise.
«Je veux un accord», a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson à son arrivée dans la cour de l'Elysée ce jeudi pour la deuxième étape de sa première tournée à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin juillet.
«Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord» en vue d'un Brexit le 31 octobre, a-t-il insisté.
À ses côtés, Emmanuel Macron s'est montré plus prudent, mais s'est déclaré «confiant» qu'une solution puisse être trouvée «dans les 30 prochains jours» entre Londres et les 27.
Le président français s'est ainsi placé sur la même ligne que la chancelière allemande Angela Merkel qui, en recevant Boris Johnson mercredi, avait jugé possible de trouver «dans les 30 prochains jours» un accord pour éviter un «Brexit dur», redouté par le monde des affaires des deux côtés de la Manche.
Les moyens de parvenir à un tel scénario devaient occuper l'essentiel du déjeuner entre MM. Macron et Johnson, qui se retrouveront samedi pour le sommet du G7 à Biarritz.
Emmanuel Macron a rappelé qu'il était souvent dépeint, notamment par la presse britannique, «comme le plus dur de la bande» au sein de l'UE sur le dossier du Brexit.
C'est, a-t-il expliqué, «parce que j'ai toujours dit très clairement: il y a un choix qui a été fait (par les Britanniques), donc ça ne sert à rien d'essayer de ne pas appliquer ce choix».
Mais, a-t-il insisté, «je suis comme la chancelière Merkel, confiant sur le fait que l'intelligence collective et notre volonté de construire doivent nous permettre de trouver quelque chose d'intelligent dans les 30 jours, s'il y a une bonne volonté de part et d'autre».
Le principal défi est de trouver une solution au principal point d'achoppement: le mécanisme dit de «filet de sécurité», ou «backstop», prévu dans l'accord conclu entre Londres et l'UE en novembre 2008 mais rejeté ensuite à plusieurs reprises par le Parlement britannique.
Cette disposition controversée, sorte de «police d'assurance» pour l'UE, vise à éviter qu'émerge à nouveau après le Brexit une frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande au sud, au risque de réveiller le conflit sur l'île.
«Relation inaltérable»
Sur cette question, «un travail doit pouvoir se faire» d'ici «30 jours», a déclaré Emmanuel Macron, en insistant sur le fait qu'il doit l'être «dans le cadre de ce qui a été négocié» au cours des deux dernières années.
Mais il dans le même temps été très clair: le «backstop» est un «élément-clé», qui apporte des «garanties indispensables à la préservation de la stabilité en Irlande à l'intégrité du marché unique», deux lignes jaunes infranchissables pour lui.
«On ne va pas trouver un nouvel accord de retrait qui soit loin des bases» déjà trouvées, a-t-il insisté.
«Les solutions techniques sont aisément disponibles», a assuré Boris Johnson, sans toutefois les dévoiler. Tout en réaffirmant que le Royaume-Uni ne voulait «à aucun prix établir des contrôles à la frontière».
Pour Londres, le «backstop» porte atteinte à la «souveraineté de l'État britannique» et l'empêcherait de mener une politique commerciale indépendante des règles de l'UE.
Mercredi, Emmanuel Macron avait souhaité que les discussions avec Londres soient «les plus amicales et confraternelles» possibles.
En recevant M. Johnson, il a insisté sur le fait que la relation franco-britannique était «essentielle et inaltérable, quel que soit le moment et quelles que soient les circonstances».
Avant de souligner «la nécessité d'entretenir», après le Brexit, «cette relation privilégiée», notamment en matière de politique étrangère ou de défense.
«Faisons en sorte de réaliser le Brexit d'une façon intelligente et pragmatique dans l'intérêt des deux parties», a souhaité Boris Johnson, en appelant à «intensifier le partenariat» entre son pays et la France. Car, a-t-il précisé, «tandis que les bus français roulent dans les rues de Londres (...), vos TGV circulent sur des rails construits par British Steel».
Le marathon diplomatique du chef du gouvernement britannique se terminera à Biarritz, en France, par la première participation du dirigeant conservateur à un sommet du G7, marquée en particulier par un entretien avec le président américain, Donald Trump, fervent partisan d'un Brexit sans concession.