L’Italie dans l’incertitude après une crise gouvernementale surprise
Par AFP
Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur d’extrême droite, a réclamé jeudi des élections anticipées, faisant éclater la coalition populiste au pouvoir et provoquant la colère du chef de gouvernement, Giuseppe Conte.
Elections rapides en vue d'un gouvernement potentiellement 100 % d'extrême droite ou équipe technique ? Décidé brutalement et en plein été par Matteo Salvini, chef de la Ligue et homme fort du gouvernement, l'éclatement de la coalition populiste au pouvoir depuis 14 mois plonge l'Italie dans l'incertitude.
Des élections sans doute, mais quand et avec quel gouvernement ? Un exécutif technique pour mener le pays au scrutin ? Ou avec le gouvernement actuel expédiant les affaires courantes dans l'attente du vote ?
C'est « une farce qui ne fera pas rire grand-monde. Les Italiens en ressentent déjà les effets » avec la hausse des taux d'intérêt sur la dette italienne, écrit l'éditorialiste Claudio Tito dans le quotidien La Repubblica (gauche).
L'annonce du chef de l'extrême droite a été brutale et a pris de court son désormais ex-allié, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème).
« Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité (...) et restituons rapidement la parole aux électeurs », a exigé Matteo Salvini dans un communiqué en fin d'après-midi.
Dans la foulée, il a pratiquement lancé sa campagne électorale lors d'un meeting à Pescara (centre).
« On nous dit qu'on ne peut pas réduire les impôts. Nous prouverons, si vous nous donnez la force de le faire, qu'il est possible de réduire les impôts aux travailleurs italiens », a-t-il lancé devant ses sympathisants.
Cette décision inattendue de Matteo Salvini a provoqué la colère du chef du gouvernement Giuseppe Conte et de Luigi Di Maio, qui ont accusé le ministre de l'Intérieur de vouloir capitaliser sur ses bons sondages, sans se soucier du bien des Italiens.
M. Conte a estimé que M. Salvini devra « expliquer et justifier » devant le peuple italien sa décision de mettre un terme à la coalition populiste au pouvoir, alors que la Ligue en avait obtenu pratiquement tout ce qu'elle voulait.
La crise au sein de la coalition a été déclenchée par le dernier vote de la session parlementaire sur la ligne Lyon-Turin, mercredi.
Le M5S a tenu à voter contre ce projet de liaison franco-italienne à grande vitesse, soutenu avec force par la Ligue.