Les exercices militaires Washington/Séoul restent à l’ordre du jour malgré Pyongyang
Par AlAhed avec AFP
Washington et Séoul mèneront comme prévu la semaine prochaine leurs exercices militaires conjoints, a annoncé un responsable du Pentagone, en dépit des critiques de Pyongyang qui vient de tester des armes en signe de protestation.
Il n'y a «pas d'ajustement ou de changement de plan dont nous soyons informés ou que nous prévoyons», a affirmé mercredi un haut responsable du Pentagone sous couvert de l'anonymat.
«Il y a deux choses que nous devons faire: donner aux diplomates suffisamment d'espace pour leur diplomatie et aider à créer un environnement propice aux négociations quand elles reprendront», a-t-il ajouté, en soulignant aussi la nécessité de «maintenir le niveau de préparation» des troupes.
La Corée du Nord avait lancé auparavant mercredi ce que Séoul a présenté comme deux missiles balistiques, quelques jours après les tirs de deux autres projectiles de courte portée dans ce que Pyongyang avait décrit comme «un avertissement solennel aux militaires bellicistes sud-coréens» qui persistent dans leur volonté de mener les exercices conjoints.
Ces manœuvres doivent débuter lundi et durer un peu plus de deux semaines.
Séoul et Washington avaient en début d'année réduit leur ampleur sur fond de processus diplomatique en cours avec Pyongyang.
Le regain d'activité militaire des deux côtés de la Zone démilitarisée (DMZ) divisant la péninsule coréenne alimente cependant les doutes sur le lancement de nouvelles négociations sur les programmes militaire et balistique de Pyongyang.
Près de 30.000 soldats américains sont déployés en Corée du Sud. Et les exercices annuels qu'ils mènent avec des dizaines de milliers de soldats sud-coréens ne manquent jamais d'irriter Pyongyang, qui les considère comme la répétition générale d'une invasion de son territoire.
Discussions à l'ONU
La paix et les exercices militaires ne «vont jamais bien ensemble», a estimé mercredi l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
La «suspension générale et permanente des exercices guerriers contre le Nord» est une «condition préalable» à l'amélioration des relations intercoréennes, a-t-elle ajouté.
Après des années de montée des tensions en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, visés par plusieurs résolutions de sanctions, la péninsule coréenne a connu en 2018 une exceptionnelle détente. Celle-ci a permis la tenue de trois rencontres au sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Lors de leur entrevue impromptue en juin dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule coréenne, les deux hommes étaient alors convenus de reprendre les discussions.
Mais cet engagement ne s'est pas concrétisé et Pyongyang a averti récemment que le processus pourrait capoter si les exercices militaires conjoints entre Américains et Sud-Coréens se déroulaient comme prévu en août.
Avant un forum régional sur la sécurité à Bangkok, où le dossier nord-coréen sera certainement discuté, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a dit aux journalistes que les négociations étaient attendues «dans les prochaines semaines» mais qu'elles prenaient «un peu plus de temps» à démarrer.
Séoul a affirmé que les projectiles tirés mercredi par Pyongyang étaient deux missiles balistiques de courte portée qui avaient volé environ 250 km à une altitude de 30 km avant de s'abîmer en mer de l'Est, le nom que les Sud-Coréens donnent à la mer du Japon.
Jeudi, KCNA a affirmé qu'il s'agissait d'un «tir d'essai d'un système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre». L'agence a précisé que Kim Jong Un avait en personne supervisé cet essai.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit évoquer jeudi, à huis clos, les récents tirs nord-coréens, selon des sources diplomatiques.
Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont demandé à évoquer ces tirs «qui constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité», a indiqué une de ces sources à l'AFP.