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Alger mobilisée pour la 19e fois, malgré un fort déploiement policier

Alger mobilisée pour la 19e fois, malgré un fort déploiement policier
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Par AlAhed avec AFP

Un dispositif policier particulièrement important au cœur d'Alger n'a pas empêché une forte mobilisation vendredi pour la 19e grande manifestation hebdomadaire contre le régime, au lendemain d'une nouvelle fin de non-recevoir de l'armée aux revendications des protestataires.

Sous un soleil de plomb, une foule massive a sillonné toute l'après-midi les rues du centre de la capitale algérienne, au milieu de très nombreux policiers en uniforme et en civil, selon un journaliste de l'AFP.

Une centaine de fourgons de police --bien plus que d'habitude-- y étaient garés, ainsi que des canons à eau et des bulldozers antibarricades.

Après le début de la marche, la police, d'habitude passive dès que la foule est dense, a ciblé les porteurs de symboles berbères, notamment de drapeaux, conformément aux instructions données la semaine précédente par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu l'homme fort du pays depuis que la contestation a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril.

Des policiers ont notamment fait usage de sprays lacrymogènes pour se replier après être allés arrêter un porteur de drapeau berbère, provoquant la colère des manifestants. Ceux-ci ont été calmés par les bénévoles chargés de faire respecter le mot d'ordre pacifique de la protestation.

Le cortège s'est dispersé sans incidents en fin d'après-midi, comme ceux qui ont parcouru les rues d'autres villes d'Algérie, selon le site d'information Tout sur l'Algérie (TSA).

«Restons pacifiques»

A Alger, 18 manifestants arrêtés en possession de drapeaux berbères le 21 juin ont été inculpés d'«atteinte à l'unité nationale», infraction passible de 10 ans d'emprisonnement, et placés en détention provisoire. Plusieurs autres, à Alger et dans d'autres villes, ont eux été placés sous contrôle judiciaire.

Depuis plusieurs semaines, la police mène chaque vendredi matin, avant que la foule soit trop nombreuse, des arrestations à Alger.

Vendredi, elle a encore procédé à de très nombreux contrôles d'identité et le journaliste de l'AFP a vu une dizaine de personnes être arrêtées, sans qu'il soit possible d'en déterminer les raisons.

Vendredi, «c'est pas le drapeau amazigh (berbère) qui est recherché, mais c'est le +hirak+ (mouvement) qu'ils (...) veulent étouffer, restons pacifiques et mobilisés», a lancé sur Twitter Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).

Doyen des partis d'opposition en Algérie, le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé une «campagne violente et féroce destinée à créer la terreur et la résignation (...) dans l'espoir de briser ce sursaut populaire pacifique».

«Le pouvoir visiblement désemparé souhaite provoquer l'irréparable et pousse la situation vers le pourrissement et le chaos», au lieu d'«écouter les revendications légitimes du peuple algérien», poursuit le parti dans un communiqué.

Instrumentalisation?

Durant la semaine, le général Gaïd Salah, qui fut durant 15 ans un pilier de la présidence Bouteflika (1999-2019), a appelé les Algériens à «comprendre» les décisions de l'armée, alors qu'ils ont réclamé encore vendredi, comme chaque semaine, que le chef d'état-major «dégage» et un «Etat civil, pas militaire».

Le commandement de l'armée rejette semaine après semaine leurs revendications: l'instauration d'instances de transition, débarrassées de tous les anciens fidèles d'Abdelaziz Bouteflika et chargées de réformer le pays avant la tenue d'une présidentielle.

Jeudi, le général Gaïd Salah a accusé les partisans d'une telle transition de vouloir protéger les responsables politiques et hommes d'affaires liés à Bouteflika et visés par les nombreuses enquêtes pour corruption récemment ouvertes, qui ont conduit plusieurs d'entre eux en détention préventive.

Des figures de la contestation et des observateurs s'inquiètent d'une possible instrumentalisation de la justice au profit de luttes de clan au sommet et réclament que ce soit le futur pouvoir élu qui mène à bien les enquêtes sur la présidence Bouteflika.

«Ceux qui veulent instaurer des phases de transition (...) veulent protéger la corruption en reportant la lutte lancée contre elle», a accusé le général. Il a réitéré n'avoir aucune ambition politique tout en réaffirmant implicitement que l'armée resterait aux commandes tant qu'un nouveau président ne serait pas élu.

L'annulation de la présidentielle du 4 juillet place le pouvoir intérimaire dans une situation délicate, la Constitution prévoyant que le président par intérim Abdelkader Bensalah rende les rênes du pays à un président élu d'ici le 9 juillet, un délai trop court pour organiser un nouveau scrutin.

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