Khashoggi: preuves suffisantes pour enquêter sur le prince héritier saoudien, selon l’ONU
Par AlAhed avec AFP
Des preuves suffisantes existent pour ouvrir une enquête sur la responsabilité de hauts responsables saoudiens, y compris le prince héritier Mohammed ben Salmane, dans l'affaire Khashoggi, a déclaré mercredi une experte des droits de l'Homme de l'ONU.
Après avoir elle-même enquêté pendant six mois sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, a indiqué dans un rapport avoir «déterminé qu'il existe des éléments de preuve crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle des hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier».
Elle a mis en garde contre «l'importance disproportionnée accordée à l'identification de l'auteur du crime», soulignant que la justice ne doit pas uniquement établir la responsabilité de l'auteur physique du crime.
Une enquête judiciaire «vise également, sinon principalement, à identifier les personnes qui, dans le contexte de la perpétration d'une violation, ont abusé des responsabilités de leur poste d'autorité ou ne les ont pas remplies», fait-elle valoir dans son rapport.
Agnès Callamard, qui comme tous les autres experts indépendants de l'ONU ne parle pas au nom des Nations unies, tient l'Arabie saoudite pour «responsable» de l'«exécution extrajudiciaire» du journaliste et critique du pouvoir saoudien, mort brutalement en octobre à l'intérieur du consulat de son pays à Istanbul.
Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Riyad avait avancé plusieurs versions contradictoires et soutient désormais que Khashoggi a été tué lors d'une opération non autorisée par le pouvoir.
L'experte de l'ONU appelle le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à «ouvrir une enquête pénale de suivi sur l'assassinat de Jamal Khashoggi afin de constituer des dossiers solides sur chacun des auteurs présumés».
Le chef de l'ONU «devrait lui-même être en mesure d'ouvrir une enquête pénale internationale de suivi sans qu'un Etat n'ait à intervenir», relève-t-elle.