Soudan: poursuite des manifestations à Khartoum
Par AlAhed avec AFP
Le Conseil militaire de transition, au Soudan, a ordonné jeudi la «fermeture» du bureau de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera à Khartoum, a annoncé le groupe, alors que des milliers de personnes ont protesté dans la capitale soudanaise contre l’absence d’avancée dans les négociations avec les militaires qui refusent de céder le pouvoir aux civils.
«Les services de sécurité soudanais ont informé le directeur du bureau d’Al-Jazeera de la décision du Conseil militaire de transition de fermer (son) bureau à Khartoum», a déclaré la chaîne sur son site.
«La décision inclut également le retrait des permis de travail pour les correspondants et le personnel du réseau d’Al-Jazeera à compter de maintenant» jeudi soir, a ajouté la chaîne qui diffuse régulièrement des images des manifestations contre l’armée qui secouent le Soudan.
Selon Al-Jazeera, aucune «décision écrite» n’a été remise au directeur du bureau.
Dans un communiqué, Al-Jazeera dénonce une «totale violation de la liberté de la presse» et assure «continuer la couverture au Soudan en dépit de l’ingérence politique des autorités soudanaises».
Etat civil
Jeudi soir, des milliers de Soudanais ont manifesté devant le siège de l’armée à Khartoum, à l’appel du mouvement de la contestation.
Brandissant des drapeaux et chantant à l’unisson leur détermination à obtenir un gouvernement civil, les protestataires, surtout des jeunes, ont voulu maintenir la pression pour faire plier l’armée.
«Les objectifs de notre révolution seront atteints par notre pacifisme et non par la violence», a lancé sur scène et micro en main Wajdi Saleh, membre de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du soulèvement populaire.
Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants campent devant le siège de l’armée à Khartoum.
Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar el-Béchir, ils réclament désormais le départ des généraux qui ont pris le pouvoir après avoir évincé le chef de l’Etat le 11 avril.
Dans un communiqué publié jeudi tard dans la soirée suite à des informations faisant état d’incidents en marge de ce sit-in, le Conseil militaire de transition a adressé un message ferme de mise garde aux manifestants «pour maîtriser les actes d’anarchie».
Deux journées de «grève générale»
La manifestation de jeudi intervient au lendemain de deux journées de «grève générale», observée dans divers secteurs d’activité à travers le pays.
L’ALC avait appelé mercredi soir à un grand rassemblement appelé «la marche d’un million» pour faire pression sur l’armée.
Plus tôt jeudi, des centaines de femmes avaient été les premières à participer à la mobilisation.
Lors d’une «marche des femmes», elles se sont dirigées vers le siège de l’armée, bannières à la main et drapeaux soudanais sur les épaules.
De tous âges et venant de divers secteurs d’activité, elles ont scandé les slogans de la révolte: «liberté, paix, justice! Le pouvoir civil est le choix du peuple!».
Les négociations entre le Conseil militaire de transition et l’ALC ont été suspendues le 21 mai faute d’accord.
Les deux camps exigent de prendre la direction et d’obtenir la majorité des sièges au sein d’un futur Conseil souverain censé assurer la transition politique pour trois ans.
Le chef du Conseil militaire au pouvoir, Abdel Fattah al-Burhane, s’est rendu jeudi en Arabie saoudite où il doit assister à plusieurs sommets.
«De nombreuses rencontres bilatérales avec des dirigeants de pays arabes et musulmans sont prévues», est-il indiqué dans un communiqué du Conseil.