Turquie: le chef du principal parti d’opposition agressé à Ankara
Par AlAhed avec Reuters
Le chef du principal parti d'opposition en Turquie, Kemal Kilicdaroglu, a été agressé par une foule en colère dimanche à Ankara et a dû être exfiltré par des agents de sécurité.
Sur une vidéo mise en ligne, on voit au moins deux coups l'atteindre à la tête tandis que ses gardes du corps se débattent pour tenter de le protéger au milieu d'une foule d'hommes en colère.
L'agression s'est produite alors que le président du Parti républicain du peuple (CHP) assistait aux funérailles d'un soldat turc tué lors d'un accrochage avec des séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
D'après la chaîne de télévision NTV et l'agence Demiroren, l'opposant a pu se réfugier dans une maison voisine.
«Kemal Kilicdaroglu va bien. Il a été conduit en lieu sûr», a confirmé Levent Gok, député du CHP, interrogé par la chaîne Haberturk TV.
L'opposant a ensuite été évacué par des policiers à bord d'un véhicule blindé.
Le procureur en chef d'Ankara, Yuksel Kocaman, a annoncé que six assaillants avaient été identifiés.
Le CHP a remporté les villes d'Ankara et d'Istanbul lors des élections municipales très disputées du 31 mars. Des recours ont été formés par le parti de la Justice et du Développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan.
Au cours de la campagne électorale, l'AKP a accusé le parti d'opposition de présenter parmi ses candidats des militants du PKK.
«Ils ne voulaient pas que je me rendre aux funérailles de nos (soldats) martyrs», a commenté Kilicdaroglu devant ses partisans au siège du CHP. «Ils pensent que je reculerai s'ils m'attaquent. Mais je ne reculerai même pas d'un pas».
Si la classe politique a unanimement condamné cette tentative de lynchage, l’opposition estime que le pouvoir est responsable du climat de polarisation qui l’a rendue possible.
Elle rappelle notamment que le président Recep Tayyip Erdogan accuse depuis plus d’un an tous ses opposants – Kemal Kilicdaroglu en particulier – de faire le jeu des «terroristes».
L’an dernier, les préfets avaient reçu l’ordre d’empêcher les membres du principal parti d’opposition d’assister aux obsèques des soldats.